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« La COVID est dans une classe à part » (Forum)

par Blake, mercredi 15 décembre 2021, 00:29 (il y a 865 jours)

Au Québec, la COVID-19 a fait en moyenne 12 fois plus de morts par jour que la grippe.

« La COVID, c’est juste une grosse grippe », vous dit votre beau-frère ou votre belle-sœur qui refuse de se faire vacciner ? Non. Vraiment pas. Malgré toutes les mesures sanitaires en vigueur depuis mars 2020, la COVID-19 a fait en moyenne 12 fois plus de morts par jour que la grippe le fait habituellement au Québec.

Depuis le début de la pandémie, il y a eu en moyenne 17,7 décès par jour liés à la COVID-19, contre 1,5 décès par jour lié à la grippe dans les années pré-COVID (moyenne des années 2016 à 2018, sur une base annuelle ; voir notes).

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La gravité de la grippe – son nom officiel : influenza – varie selon les années. En 2016, la grippe a entraîné assez peu de décès, soit 213. En 2018, la grippe a été très virulente, faisant 1044 morts. Il s’agissait de la grippe la plus virulente de la dernière décennie.

Mais la gravité de la COVID-19 est sans commune mesure : elle a causé 8479 morts en 2020 (année où le Québec n’était pas vacciné) et 3075 décès en 2021. Le ratio de décès par jour est six fois plus élevé pour la COVID-19 que pour la grippe de 2018.

Avec un taux de vaccination de 89 % chez les 12 ans et plus, la COVID-19 fauche beaucoup moins de vies durant la quatrième vague. Depuis le 18 juillet dernier, il y a eu 2,3 décès par jour liés à la COVID-19. Ces chiffres sous-estiment toutefois la dangerosité de la COVID-19, car le nombre de morts liés à la COVID-19 est plus bas l’été que l’hiver, et la quatrième vague entre à peine en période hivernale. En guise de comparaison, la grippe ne provoque pas d’hospitalisations (ni de décès) entre avril et le début décembre.

« La COVID est dans une classe à part », dit le virologue Benoit Barbeau, professeur à l’UQAM. La grippe dure seulement six mois, de novembre à avril. La plupart des décès surviennent en décembre, janvier et février. Les décès liés à la COVID-19 ralentissent au printemps et à l’été, mais le virus se transmet toute l’année, contrairement au virus de la grippe. Le virus responsable de la grippe et le SARS-CoV-2 à l’origine de la COVID-19 appartiennent à deux familles de virus différentes. Le SARS-CoV-2 est plus virulent et environ quatre fois plus transmissible (pour le variant Delta) que le virus de la grippe.

Beaucoup plus de risques d’être hospitalisé
La COVID-19 envoie beaucoup plus de gens à l’hôpital que la grippe. En 2021, la COVID-19 a entraîné trois fois plus d’hospitalisations (11 141) que ne le fait habituellement la grippe (moyenne de 3269 hospitalisations par an). Quand ils sont admis à l’hôpital, les patients souffrant de la COVID-19 sont en proportion deux fois plus nombreux à être admis aux soins intensifs.

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Durant la première vague, le taux de patients hospitalisés pour la COVID-19 qui sont morts était environ six fois plus élevé que pour l’influenza (pour les années précédentes), selon une étude de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Ce taux « a toutefois diminué depuis la première vague [de la COVID-19], car nous avons appris comment mieux prendre en charge les patients hospitalisés », dit la Dre Rodica Gilca, médecin spécialiste en santé publique et médecin-conseil à l’INSPQ.

Des mesures sanitaires sans précédent
La COVID-19 a fauché en moyenne 12 fois plus de vies au Québec que la grippe… alors que le Québec, comme le reste du monde, a déployé des mesures sanitaires sans précédent pour ralentir la transmission du virus, beaucoup plus transmissible que la grippe.

En moyenne, une personne atteinte de l’influenza infecte une autre personne (taux de reproduction de 1), alors qu’une personne atteinte du variant Delta qui ne s’isole pas infecte cinq autres personnes (taux de reproduction de 5).

Sans ces mesures sanitaires, le nombre de décès liés à la COVID-19 aurait vraisemblablement explosé. Grâce à elles, seulement 15 % des Québécois ont attrapé la COVID-19 depuis février 2020. (Le nombre de cas officiels représente 5 % des Québécois, mais les experts estiment qu’il faut multiplier ce chiffre par trois pour compter tous les cas non détectés.)

Dans les années pré-COVID, quel pourcentage des Québécois attrapaient la grippe ? Difficile à dire, car il n’y a pas de données officielles. Aux États-Unis, on estime que c’est entre 3 % et 14 % de la population. « Ça dépend des années, mais l’influenza peut affecter entre 5 % et 20 % de la population », dit la Dre Rodica Gilca. Depuis le début de la pandémie, il n’y a pas eu d’influenza, notamment en raison des mesures sanitaires.

Au Québec, environ 27 % de la population adulte était vaccinée contre la grippe dans les années pré-COVID-19, dont 80 % des résidants en CHSLD. Mais le vaccin contre l’influenza a une efficacité limitée : le taux d’efficacité varie entre 30 % et 60 % selon les années, selon la Dre Rodica Gilca. Le vaccin contre la COVID-19, lui, est efficace dans une proportion de 90 % à 95 % contre les risques d’hospitalisation. Et les Québécois de 12 ans et plus sont vaccinés dans une proportion de 89 %.

La COVID longue
Une petite quantité d’infections au coronavirus entraînent une maladie qui peut devenir dramatique : la COVID longue. Aux prises avec une fatigue extrême, certaines personnes atteintes de COVID longue sont incapables de mener une vie normale. Pour l’instant, on en sait très peu sur la COVID longue.

Certains symptômes, plus légers, peuvent aussi persister des mois après l’infection. « On estime qu’environ le quart des gens infectés, peut-être même le tiers, vont avoir des séquelles sur plusieurs mois, ce qui n’est pas le cas pour la grippe », dit Alain Lamarre, virologue et professeur à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS).

L’âge du décès diminue pour la COVID
Sur l’ensemble de la pandémie, la COVID-19 touche sensiblement les mêmes tranches d’âge que la grippe : jusqu’ici, 91 % des Québécois morts de la COVID étaient âgés d’au moins 70 ans. En comparaison, 89 % des décès attribuables à la grippe ont touché cette tranche d’âge durant les années 2016 à 2018.

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L’âge des décès diminue toutefois de façon importante depuis la troisième vague de COVID-19 (depuis mars 2021), parce que le coronavirus s’attaque davantage à des personnes non vaccinées moins âgées. Les personnes non vaccinées ont 16 fois plus de risques d’être hospitalisées et 20 fois plus de risques de mourir de la COVID-19 que les personnes vaccinées. Depuis le début de la quatrième vague, soit depuis le 18 juillet 2021, les 70 ans et plus représentent 71 % des décès.

Notes : Nous n’avons pas utilisé les données des décès liés à la grippe pour les années 2019 (386 décès) et 2020 (340 décès), car ces données sont provisoires. Près de 100 % des décès liés à la grippe en 2020 ont eu lieu avant l’arrivée de la COVID-19, au début de l’hiver 2020. Sauf indication contraire, les données utilisées dans cet article (y compris les tableaux) sont en date du 9 décembre 2021 pour la COVID-19 (décès selon la date de décès). Pour faire une moyenne par jour pour la grippe, nous avons compté tous les jours de l’année. En comptant seulement la période hivernale pour la grippe et toute l’année pour la COVID-19 (il y a des décès attribuables à la COVID-19 toute l’année), on arriverait à une intensité du taux quotidien de mortalité six fois plus élevée pour la COVID-19 que pour la grippe.

https://www.lapresse.ca/covid-19/2021-12-14/taux-de-mortalite/la-covid-est-dans-une-cla...


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