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Nos amis du pétrole. (Forum)

par Blake, mardi 01 novembre 2022, 12:28 (il y a 551 jours)

Le pétrole en surprofits.

La pétrolière Impériale est venue illustrer le phénomène vendredi avec l’annonce d’une hausse de 30 % de son dividende trimestriel et d’un rachat jusqu’à 1,5 milliard de dollars d’actions. Les actionnaires des entreprises pétrolières et gazières engrangent les bénéfices de la crise énergétique mondiale.

La société de Calgary a affiché un bénéfice au troisième trimestre 2,2 fois supérieur à celui de la même période l’an dernier, qui atteignait 2,03 milliards par rapport à 908 millions un an plus tôt, contre une augmentation de 49 % des revenus. Celui d’ExxonMobil a été multiplié par 3,8 entre les deuxièmes trimestres de 2021 et de 2022, passant de 4,7 milliards $US à 17,9 milliards. Même propulsion pour celui de Chevron, de 3,1 milliards à 11,6 milliards, alors que celui de Shell a doublé, faisant un bond de 5,5 milliards $US à 11,5 milliards. Pour ne nommer qu’elles.

Ainsi, 97 % des sociétés américaines et canadiennes avaient augmenté ou maintenu leurs dividendes au deuxième trimestre, et les pétrolières revendiquent 40 % de la croissance. Sans oublier les dividendes spéciaux et les programmes de rachat d’actions. Statistique Canada a calculé que les industries non financières canadiennes ont vu leur bénéfice avant impôts bondir de 30,7 % entre les deuxièmes trimestres de 2021 et de 2022, contre une hausse de 3 % pour les industries financières. Dans le premier camp, les entreprises engagées dans la fabrication de produits pétroliers ont engrangé un bénéfice avant impôts en hausse de 313 % et celles s’activant dans l’extraction pétrolière, de 212 %.

Le spécialiste en collecte de données IHS Markit a conclu que 2021 a été l’année la plus rentable pour l’industrie des sables bitumineux, les quatre principaux exploitants ayant dégagé, en moyenne, 6 milliards $CA de flux de trésorerie libre (avant dividendes). Il prévoit un nouveau record cette année, avec un flux moyen estimé à 10 milliards. Les actionnaires ne pourront qu’être choyés une fois de plus, eux qui ont troqué la priorité accordée à la croissance des revenus pour celle accordée à la maximisation du retour sur leur investissement.

Joe Biden menace


À une semaine des élections de mi-mandat, le président américain, Joe Biden, est donc revenu à la charge : il a exhorté une nouvelle fois les géants pétroliers à investir ces surprofits dans l’abaissement des coûts de l’énergie et dans l’accroissement de leur production, sous la menace de demander au Congrès de les taxer et de les soumettre à d’autres restrictions, selon un responsable de la Maison-Blanche cité par l’Agence France-Presse.

Pendant ce temps, en Europe, si certains pays ont mis en place une taxe sur les surprofits, on ne parvient pas au consensus. On débat encore à l’échelle de l’Union européenne de la faisabilité et de l’applicabilité de ce que l’on nomme tantôt une taxe, tantôt un impôt exceptionnel, voire une contribution de solidarité. On est encore déchiréentre une hausse de taxe et des initiatives librement consenties. Tout en reconnaissant que l’État est également un grand bénéficiaire de la situation, sous forme de taxes, d’impôts et/ou de redevances.

D’autant qu’on ne s’entend pas sur la définition et la mesure des surprofits. Certains demandent s’il faut se limiter aux pétrolières ou englober l’ensemble des entreprises énergétiques profitant de la flambée des cours de l’électricité, dont le nucléaire et le renouvelable. Voire à ces autres entreprises profitant de la flambée des prix des matières de base provoquée par la guerre contre l’Ukraine. Au demeurant à toutes ces entreprises grandes bénéficiaires du dérapage inflationniste et des distorsions sur les chaînes d’approvisionnement.

Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, avait suggéré cette voie au début d’août, disant qu’il est immoral que les compagnies pétrolières et gazières réalisent des profits records grâce cette crise de l’énergie, à un coût massif pour le climat. Mais pour créer rapidement un lien avec cette autre crise, celle du climat. Il a rappelé que les émissions mondiales de gaz à effet de serre doivent être réduites de 45 % d’ici 2030 pour que l’on puisse espérer atteindre le niveau zéro à l’horizon 2050. « Pourtant, les émissions atteignent des niveaux records : elles sont en passe d’augmenter de 14 % au cours de cette décennie », a-t-il dénoncé. « Notre monde est au plus mal », a-t-il ajouté, soulignant que la crise climatique est l’enjeu déterminant de notre époque.

Ce qui ne devrait pas empêcher l’industrie canadienne d’afficher une production de plus de 3,5 millions de barils par jour au tournant de 2030, prévoit IHS, soit 500 000 barils par jour ou 17 % de plus que présentement. En outre, 80 % de l’augmentation attendue devrait se concrétiser dans les premières années de l’intervalle de prévision 2021-2032, dans un élan de comblement du vide d’alimentation engendré par les sanctions contre la Russie.

À l’échelle planétaire, le cartel de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole déposait lundi un rapport prévoyant une croissance mondiale de la consommation de pétrole jusqu’en 2035. Une demande décroissante venant des pays de l’OCDE serait plus que contrebalancée par l’augmentation des besoins exprimés notamment par l’Afrique, l’Inde et d’autres pays d’Asie, principalement pour alimenter les transports et la pétrochimie, « tirée par une expansion des classes moyennes, une forte croissance démographique et un potentiel de croissance économique en progression ».

https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/768970/le-petrole-en-surprofits

Ah! C'est beau. La droite jubile. Ce sont des kings pour eux. Mais ils ont la solution pour réduire les dépenses. Il faut couper dans l'aide sociale, le chômage, la santé, les services sociaux, etc. Mais ne touchons pas à leurs ti-namis du pétrole.

:boss:


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