Une zone sinistrée au cœur de la ville (Forum)

par Jéromec, samedi 28 janvier 2023, 20:32 (il y a 425 jours) @ Jéromec

Il faut tout faire pour éviter que l'influence de Montréal s'étende en régions...

ça se prétend la verture alors que c'est le modèle à ÉVITER
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https://www.lapresse.ca/actualites/grand-montreal/2023-01-27/place-emilie-gamelin/une-z...

Une zone sinistrée au cœur de la ville

Des magasins fermés à l’angle des rues Sainte-Catherine et Saint-Hubert, près du magasin Archambault qui fermera ses portes en juin prochain

La fermeture annoncée de l’emblématique magasin Archambault de la rue Berri⁠1, installé dans le quartier depuis le XIXe siècle, est le plus récent d’une longue série de coups durs pour ce secteur sinistré du centre-ville de Montréal.
Publié hier à 18h45
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Philippe Teisceira-Lessard
Philippe Teisceira-Lessard La Presse

Vendredi, le Groupe Archambault a notamment montré du doigt « l’évolution du tissu urbain dans le secteur », devenu à ses yeux « un laboratoire de mixité urbaine » aux dépens de l’achalandage. Un diagnostic contesté par l’administration municipale, qui reconnaît toutefois l’existence d’un problème important.

« Le quartier, c’est sûr qu’il a changé. Pauvre Archambault. Je les comprends, tout le monde dans le coin a des problèmes », a rapporté Catherine Lapointe, qui travaille dans le secteur et fréquente le magasin depuis 30 ans. « Je travaille en droit criminel et je le sais que tous mes clients sont là. »

Sur place, la zone porte les cicatrices des nombreuses fermetures de commerces survenues pendant la pandémie, conjuguées à une augmentation très visible du nombre de sans-abri. L’hôtel Place Dupuis servait de refuge pendant la pandémie.

Du côté de la rue Sainte-Catherine, où se trouve le magasin Archambault, les établissements toujours en activité font figure d’exceptions entre Berri et Saint-Timothée.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Des magasins fermés à l’angle des rues Sainte-Catherine et Labelle

Des sacs de couchage et des vêtements abandonnés ont remplacé les clients dans les entrées de plusieurs immeubles. Lors du passage de La Presse vendredi après-midi, une vingtaine de personnes se réchauffaient dans une entrée de métro empestant l’urine. De l’autre côté de la place, un grand chantier jouxtait l’ancienne gare d’autocars toujours à la recherche d’une vocation permanente.

Chantal Archambault partage son nom avec la chaîne de magasins. « Je trouve ça vraiment triste, a-t-elle dit en sortant du commerce. Beaucoup de musiciens, beaucoup de gens de l’industrie ont travaillé ici. » Elle-même est auteure-compositrice-interprète et constitue la moitié du groupe musical Saratoga.

Il y a vraiment quelque chose de grand qui part avec ce magasin. J’espère que les propriétaires de l’immeuble vont faire attention au patrimoine.

La guitariste du groupe Saratoga, Chantal Archambault, à propos du magasin Archambault

Les commerçants toujours en activité constatent aussi les profondes difficultés du secteur. Abdou Kamara, qui gère un magasin d’électronique La Source, doit composer avec les intrus et les vols.

L’augmentation du nombre de sans-abri, « c’est sûr et certain que ça affecte négativement » le commerce, a-t-il dit. « On leur demande de sortir gentiment, mais parfois, ils volent », a-t-il ajouté, précisant qu’il n’avait toutefois pas vécu de problème de violence depuis son arrivée en poste l’automne dernier.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Un édicule de la station de métro Berri-UQAM, actuellement en rénovation, à l’angle des rues Berri et Sainte-Catherine

À l’hôtel Saint-André, tout près, Yannick Honvo doit parfois gérer la déception de touristes qui ne s’attendaient pas à arriver dans un tel décor. L’été dernier, « on avait beaucoup de clients ontariens, français et américains qui ont été surpris par le secteur, a-t-il dit. Ils ne se sentaient pas en sécurité. » M. Honvo décrit une augmentation de la consommation et des transactions de drogue à la vue des passants. « Il y a beaucoup plus d’itinérance qu’avant, même s’il y en avait beaucoup avant. »
« Une très grande surprise »

L’organisation qui regroupe les commerçants du secteur – et de tout le Village – appelle d’ailleurs la Ville et le réseau communautaire à mieux répartir les services aux sans-abri dans les quartiers centraux de Montréal, afin de réduire la pression place Émilie-Gamelin, autrefois connue sous le nom de square Berri.

« On comprend pourquoi il y a des organismes qui sont dans le quartier, parce qu’il y a une population qui est là », a affirmé Gabrielle Rondy, directrice générale de la société de développement commercial (SDC) Village Montréal. « Après, nous, ce qu’on aimerait, c’est que les nouveaux organismes qui cherchent une adresse ne soient pas systématiquement dans Ville-Marie, dans le Village, dans Centre-Sud […], parce que ça met une pression sur les résidants qui sont là, sur les entreprises. »

La fermeture du magasin Archambault, « c’est vraiment une très grande surprise » et « une très grande déception », a-t-elle dit, soulignant tout de même l’ouverture de 24 nouveaux commerces sur son territoire en 2022.

Il y a beaucoup de monde qui travaille très fort pour que ça redevienne un quartier qui est sécuritaire et attractif.

Ladirectrice générale de la société de développement commercial (SDC) Village Montréal, Gabrielle Rondy

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

La devanture du magasin Archambault

Robert Beaudry, qui représente le secteur au conseil municipal, s’est dit « extrêmement surpris » par l’annonce de vendredi, mais a souligné que l’époque est difficile pour l’ensemble des commerces de détail. « Avant de dire que c’est le tissu urbain qui est responsable de la fermeture d’un commerce comme ça, il y a une marge », a-t-il commenté.

« Il y a des enjeux dans le secteur, c’est clair », a-t-il reconnu, pointant d’abord et avant tout la pandémie de COVID-19. « On est en réflexion avec le Village pour voir comment on peut travailler sur les enjeux de sécurité, d’insécurité, de cohabitation sociale. Tous les acteurs sont mobilisés sur ces différents enjeux-là. […] On n’est pas défaitistes. »

Quant à la demande de la SDC de répartir les organismes d’aide aux sans-abri sur le territoire montréalais, M. Beaudry ne voit pas exactement les choses du même œil. « Oui, il faut une offre de service diversifiée sur le territoire, c’est fondamental. Mais il reste qu’au centre-ville de Montréal, il y a une forte représentation de population itinérante », a-t-il souligné.

« Il va falloir finir par entendre le cri du cœur des entreprises et commerçants, qui ne date pas d’hier, a commenté son vis-à-vis de l’opposition, Julien Hénault-Ratelle, sur les réseaux sociaux. Si un grand groupe comme Archambault a de la misère à affronter les défis du centre-ville, imaginez ce qu’il en est pour les petits commerces. »
1. Lisez l’article « Le magasin Archambault de la rue Berri fermera en juin »

Avec la collaboration de Richard Dufour, La Presse


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