Des États généraux citoyens sur l’éducation se dessinent à l (Forum)

par Jéromec, mardi 07 février 2023, 10:41 (il y a 415 jours) @ Jéromec

ça me semble absolument nécessaire....
:cafe:
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1952699/etats-generaux-citoyens-education--mouveme...

Des États généraux citoyens sur l’éducation se dessinent à l’horizon. Y serez-vous?

Des États généraux citoyens sur l’éducation se dessinent à l’horizon. Y serez-vous?
C'est un exercice inédit. Des États généraux sur l'éducation, mais sans l'État ni ses fonctionnaires. Un projet porté par des jeunes comme par des aînés, avec cet objectif ambitieux : changer le Québec. Et pour y arriver, ils ont besoin de vous.

Les représentants de Parlons éducation marchent devant la caméra. Il s'agit de Jean Trudelle, Lylou Sehili, Suzanne-Geneviève Chartrand, Claude Champagne et Stéphane Vigneault.
Les représentants de Parlons éducation, Jean Trudelle, Lylou Sehili, Patricia Clermont, Suzanne-Geneviève Chartrand, Claude Champagne et Stéphane Vigneault en marge de leur conférence de presse à la Grande Bibliothèque à Montréal.

Julie Marceau
Publié hier à 4 h 00
Tout a commencé en pandémie, un projet né du vide laissé par la disparition des commissions scolaires abolies par le gouvernement Legault.

Suzanne-G. Chartrand, qui a commencé à militer à l'âge de 10 ans aux côtés de son père, feu le syndicaliste Michel Chartrand, s'inquiète de l'omerta qui s'impose, la loi du silence.

Les élus scolaires qui pouvaient s'opposer aux prises de décisions à Québec et proposer des solutions n'existent plus.

On avait l'impression qu'il n'y avait plus cette possibilité de débattre, explique Suzanne-G. Chartrand.

Suzanne-G Chartrand près de la fenêtre.
Suzanne-G. Chartrand, fondatrice de Debout pour l'école! et membre de la coalition Parlons éducation.


Or, la pandémie, qui en est à sa première année, exacerbe les problèmes existants en plus d'en créer de nouveaux.


L'enseignement à distance fait monter d'un cran le stress des élèves, des parents et du personnel scolaire.

Suzanne-G. Chartrand milite depuis des années pour une vision plus égalitaire et moins utilitaire de l'éducation. Elle a fondé en 2017 le collectif Debout pour l'école!.

Dans "qui s'instruit s'enrichit" (un slogan du gouvernement de Jean Lesage), s'enrichir ne réfère pas juste à l'argent, rappelle-t-elle.

Selon elle, la finalité de l'école n'est pas de répondre aux besoins économiques d'une province ou d'un pays, mais d'offrir, à chaque enfant, la possibilité de s'émanciper et d'apprendre à son rythme.

Or, ce rythme est bousculé plus que jamais par la crise sanitaire mondiale.

Un enfant en pyjama debout derrière une fenêtre.
En mars 2020, le premier ministre du Québec, François Legault, annonçait la fermeture des écoles, des cégeps et des universités durant deux semaines. Cette mesure affectait également les services de garde. (Photo d'archives)

Au Québec, les conférences de presse du premier ministre s'enchaînent. On annonce la fermeture des écoles, puis leur réouverture partielle, puis complète, mais sans bulletins, puis avec des bulletin,s mais modifiés…


Les élèves qui étaient en difficulté d'apprentissage… le sont plus que jamais.

Jean Trudelle, membre du collectif Debout pour l'école!, est lui aussi préoccupé.

Jean et Suzanne décident de faire appel en février 2021 à une large coalition citoyenne dans un texte d'opinion publié dans Le Devoir.

Cette lettre est lue, partagée, repartagée et… repartagée!

L’école Saint-Louis-de-Gonzague, à Montréal, est fermée pendant l'épidémie de COVID-19.
Une école de Montréal lors de la fermeture le 13 mars 2020 en raison de la pandémie de COVID-19. (Photo d'archives)


On a été interpellés par cet article, se souvient Claude Champagne du MÉMO, le mouvement pour une école moderne et ouverte formé d'ex-élus de la Commission scolaire de Montréal, soit ceux qui ont perdu leur voix avec l'abolition des commissions scolaires.

J'avais moi aussi le sentiment qu'il fallait discuter de façon urgente, mais qu'on n'avait pas de porte-voix, raconte-t-il.

Dans les mois qui suivent, les membres de Debout pour l'école! rédigent un livre. Plus de 90 auteurs bénévoles y participent.

Quelques constats :

Une vision mercantile et managériale de l'éducation se développe depuis plus de vingt ans au Québec, comme ailleurs dans le mondeé
L'école québécoise est pseudo-démocratique, car fondée sur une dérive ségrégationniste et clientéliste où les plus démunis, jeunes comme adultes, sont laissés pour compte au lieu d'être soutenus.
La mission de l'institution scolaire se résume dorénavant à la réussite et la diplomation à tout prix, alors qu'elle devrait plutôt viser l'émancipation individuelle et collective par l'accès à la culture.
Source : extrait de Une autre école est nécessaire et possible

C'est notamment pour célébrer la fin de ce projet que Debout pour l'école! tient une réunion, à Saint-Alphonse-Rodriguez dans Lanaudière, à l'été 2021, chez Michèle Morrone-Giroux, enseignante en adaptation scolaire.

Cette journée-là, le soleil estival rend propice une baignade collective en rivière.

Et les idées fusent au gré du courant.

On réfléchissait déjà à organiser des forums sur l'éducation. Mais on ne voulait pas faire ça seuls. C'est à ce moment-là qu'on a décidé de recruter plus de gens, explique Michèle Morrone-Giroux.

Dans les semaines suivantes, les membres de Debout pour l'école! lancent des appels.

Patricia Clermont en reçoit un de Constantin Fortier. Elle le connaît par l'entremise du mouvement Je protège mon école publique (JPMEP), dont elle est la porte-parole. Il lui suggère d'embarquer JPMEP – né spontanément de chaînes humaines de parents en 2015 – dans une nouvelle coalition. Patricia plonge.

Dans le hall de la BANQ.
Patricia Clermont, porte-parole du mouvement Je protège mon école publique (JPMEP) et membre de la nouvelle coalition Parlons éducation.

PHOTO : RADIO-CANADA / JULIE MARCEAU

Constantin Fortier est lui aussi impliqué dans l'École ensemble qui prône un plan d'action précis pour mettre fin à l'école à trois vitesses.

C'est ainsi que Debout pour l'école!, le MÉMO, JMEP et École ensemble deviennent : Parlons éducation.

Enfin… « Parlons d'éducation »…

(Le d' sera largué, nous y reviendrons)

Des organisations partenaires s'ajoutent aussi.

Je me suis dit : c'est le fun! Et peu après, je me suis dit : "Ouin. J'espère que personne ne va dire parler pour parler, comme dans l'émission de Janette Bertrand!", se rappelle Jean Trudelle en riant.

Martine Chatelain, une retraitée de l'enseignement, fait partie du comité d'organisation stratégique de Parlons d'éducation!

Elle réalise qu'il y a un problème.

Tout le monde avait la mi-trentaine ou plus. J'ai dit aux autres : moi, je ne peux pas concevoir cette démarche-là s'il n'y a pas de jeunes.

La réaction est immédiate : il faut contacter des jeunes. Mais qui?

Martine, qui a été porte-parole de la coalition Eau secours, pense spontanément aux jeunes qu'elle a côtoyés durant les grèves étudiantes pour le climat.

Une connaissance lui recommande d'approcher ​​Dalie Lauzon-Vallières, l'une des cofondatrices de la Coalition étudiante pour un virage environnemental et social (CEVES) née à l'issue de la grande marche pour le climat à Montréal, en 2019, à laquelle participait Greta Thunberg.

L'idée que je soutiens, c'est que la transition écologique passe par l'éducation. Ma maîtrise devait porter là-dessus, raconte-t-elle.

Dalie Lauzon-Vallières
Dalie Lauzon-Vallières

PHOTO : RADIO-CANADA / JULIE MARCEAU

J'ai dit à Martine : Écoute, je ne veux pas juste que la CEVES soit partenaire, je veux fonder un comité jeunesse.

« C'était la mobilisation que j'attendais depuis toujours. »

— Une citation de Dalie Lauzon-Vallières
Dalie devait faire son projet de maîtrise avec un collègue de la CEVES, Quentin Lehmann. Ils décident de plonger dans cette aventure plutôt que de faire leurs études supérieures.

J'ai du mal à expliquer l'espèce de sentiment qu'on avait, mais quand j'ai vu la centaine de profs, d'experts, de parents, de citoyens qui voulaient changer l'éducation… c'est tout ce dont on rêvait. On n'a pas hésité une seconde, ni moi ni Quentin. C'était de se mettre tout de suite en action, plutôt que de faire une maîtrise pour prouver qu'il faut se mettre en action, explique-t-elle.

Dalie contacte également son amie Lylou Sehili, une autre co-instigatrice de la CEVES.

C'est ainsi que le comité jeunesse est créé. Il s'agrandit lors d'un barbecue à la résidence familiale de Lylou. Une trentaine de jeunes y participent.

C'était festif, mais sérieux, précise Quentin Lehmann.

Quentin Lehmann.
Quentin Lehmann

PHOTO : RADIO-CANADA / JULIE MARCEAU

La question c'était : comment on s'assure que les jeunes participent aux forums? On avait décidé d'aborder trois points au barbecue : la création de comités régionaux, les réseaux sociaux et la création d'ateliers jeunesse, explique-t-il.

À Dalie, Lylou et Quentin s'ajoutent Cynthia Dauphin, Gaëlle Poirier-Morin, Edmond Saba, Mika Pluviose… et bien d'autres.

Les jeunes pilotent l'identité visuelle de la nouvelle coalition et convainquent les aînés de laisser tomber le d pour simplifier les communications.

Ils créent des comités jeunesse régionaux et les ateliers Parlons éducation, une formule visant la tenue de petits forums à distance.

Ils testent l'atelier dans des écoles de Montréal, l'ajustent, le peaufinent et rédigent un guide qui sera mis en ligne.

La coalition Parlons éducation est officiellement lancée.

Elle est désormais intergénérationnelle.

Les conférenciers discutent entre eux.
Jean Trudelle et Suzanne-G. Chartrand (au milieu) discutent lors de la conférence de presse du 10 janvier annonçant officiellement la coalition Parlons éducation et l'organisation de 19 forums citoyens partout au Québec.

PHOTO : RADIO-CANADA / JULIE MARCEAU

Il y a eu la commission Parent dans les années 1960, mais on a tous cette impression qu'il y a quelque chose d'inachevé, explique Patricia Clermont.

Cette commission, organisée par le gouvernement de Jean Lesage, a démocratisé l'enseignement au Québec en permettant à tous les enfants d'avoir accès à l'école.

Quelques décennies plus tard, le gouvernement de Jacques Parizeau réalise que les élèves ne sont pas tous égaux dans les écoles. Autrement dit, qu'ils n'ont pas tous la même chance de réussir.

Mgr Alphonse-Marie Parent en 1962 alors qu'il préside la commission portant son nom.
Mgr Alphonse-Marie Parent en 1962 alors qu'il préside une audience de la commission portant son nom. (Photo d'archives)

PHOTO : RADIO-CANADA

C'est ainsi que les États généraux du Québec sur l'éducation sont lancés en 1995.

Plus de 2000 mémoires seront déposés. Il y aura 56 jours d'audience.

Ses commissaires recommandent de mettre de l'avant une approche plus humaniste et moins compétitive de l'enseignement au Québec. Ils dénoncent également un élitisme malsain dans les écoles privées et les programmes particuliers qui crée, disent-ils, une minorité d’élus et son contingent d’exclus.

Mais il y a des dissidents dans le rapport, notamment sur la question d'un retrait progressif des subventions aux écoles privées.

Les audiences des États généraux sur l'éducation en 1995 débutent à Jonquière. (Archives)
Les audiences des États généraux sur l'éducation en 1995 débutent à Jonquière. (Photo d'archives)

PHOTO : RADIO-CANADA

C'était il y a 30 ans. Et sur le plan politique, ça ne s'est jamais traduit par des actions de la part d'aucun gouvernement, se désole Jean Trudelle.

C'est dans le but de trouver un consensus sur les pistes de solution à adopter pour rendre l'éducation plus émancipatrice et plus égalitaire que Parlons éducation tiendra 19 forums dans 18 villes du Québec : de Laval à Gaspé en passant par Gatineau.

Est-ce qu'on va réussir à développer un consensus? C'est un méchant défi!, convient Claude Champagne du MÉMO.

Si les plus vieux espèrent influencer le milieu politique avec un éventuel document synthèse, les plus jeunes fondent leurs espoirs sur un changement émanant de la société civile.

Je ne crois pas que le gouvernement Legault va changer les choses. Je pense que les changements importants dans une société se font de la population vers les élus, explique Quentin Lehmann.

Il y a des profs qui vont peut-être dire : "Moi, j'ai entendu une bonne idée dans un forum, et j'ai pas besoin d'attendre que l'ensemble du Québec la mette en place pour le faire dans ma classe", donne en exemple Lylou Sehili.

On ne voit pas toujours les choses de la même façon avec les jeunes et, des fois, ils trouvent que nous, les parents, on l'a pas pantoute!, explique Claude Champagne en riant.

Lylou Sehili effectuant un discours derrière un lutrin.
Lylou Sehili, coporte-parole avec Suzanne-G Chartrand de Parlons éducation. On la voit ici alors qu'elle faisait ses premières armes comme militante à la Grande marche montréalaise sur le climat le 27 septembre 2019. (Photo d'archives)

PHOTO : IVANOH DEMERS

Mais justement, on s'apprivoise, comme ce sera le cas entre les gens dans les forums. On apprend à se tolérer dans l'action et on a ben du fun. Je ne le ferais pas si j'avais pas de fun!

Au moment d'écrire ces lignes, jeunes et plus vieux débattaient encore de la méthodologie à adopter lors des forums.

Transcrire chaque intervention ou résumer les échanges? Filmer chaque prise de parole et se retrouver avec des heures de matériel audiovisuel ou filmer des extraits seulement?

La première rencontre aura lieu les 10 et 11 mars à Montréal.

Je ne vous cacherai pas qu'à l'approche des forums, j'ai parfois mal au ventre, confie Claude Champagne. On est plusieurs à avoir mal au ventre!

Combien de gens vont participer, on ne le sait pas, convient Lylou Sehili. Mais juste de voir que le Québec s'organise de manière bénévole pour l'éducation, c'est quand même porteur d'espoir, non?


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