«C’est dangereux de travailler à l’urgence»: plus de patient (Forum)

par Jéromec, vendredi 14 juillet 2023, 11:03 (il y a 290 jours)

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«C’est dangereux de travailler à l’urgence»: plus de patients agressifs et armés inquiètent les employés du CHUM

Le méga-hôpital se trouve à l’épicentre de la crise d’itinérance et de toxicomanie qui secoue actuellement Montréal
Anick Mailhot
Anick Mailhot, présidente du Syndicat des employés du CHUM, remarque une hausse de la violence à l'urgence du méga hôpital. CHANTAL POIRIER/LE JOURNAL DE MONTRÉAL CHANTAL POIRIER / JDEM
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HUGO DUCHAINE et HÉLOÏSE ARCHAMBAULT
Vendredi, 14 juillet 2023 00:00

MISE À JOUR Vendredi, 14 juillet 2023 07:06

L’urgence d’un des plus gros hôpitaux de Montréal est devenue «dangereuse» à cause d’une hausse de patients agressifs et armés, dénoncent des employés du CHUM.

«C’est dangereux de travailler à l’urgence, lance sans détour la présidente du Syndicat des employés du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (SÉCHUM), Anick Mailhot. À un moment donné, il va y avoir un accident grave.»


Le méga-hôpital, en plein centre-ville de Montréal, se retrouve malgré lui dans l’épicentre de la crise d’itinérance et de toxicomanie qui secoue actuellement la métropole.


Pire qu’avant

Et si la clientèle a toujours été plus difficile, Mme Mailhot juge que c’est devenu plus inquiétant après la pandémie.

Elle soutient qu’il y a trois semaines, un agent de sécurité a été blessé pendant une intervention. Cet hiver, un médecin a dû lui-même calmer un patient instable, qui maniait un couteau.

Les tournevis, les couteaux ou autres armes, «c’est fréquent [...] et nous sommes toujours aux aguets», soutient la présidente.

«J’ai reçu des menaces de mort», déplore sous le couvert de l’anonymat un soignant de l’urgence. «Je comprends qu’ils sont malades... mais pas aux dépens de ma sécurité», dit-il, ajoutant qu’il songe à demander un transfert dans un autre département.

Le SÉCHUM indique avoir même demandé des détecteurs de métal à l’entrée ou des uniformes anticoupures, sans succès, en raison de ses inquiétudes pour le personnel.

Anick Mailhot
L'urgence du CHUM est aux prises avec des problèmes de violence, particulièrement la nuit. COURTOISIE COURTOISIE
La présidente de la FIQ, au CHUM, Nathalie Bélanger, rapporte elle aussi des incidents de violence verbale, surtout. Elle déplore aussi que les infirmières qui sortent fumer la nuit se fassent «agresser» par les passants.

Urgentologue et chef médical de l’urgence du CHUM, le Dr Alexandre Larocque remarque une «augmentation progressive des comportements agressifs et violents dans les salles d’urgence» partout au Québec.

Mais il souligne que le CHUM dessert un secteur défavorisé avec une clientèle vulnérable. Et même si des armes blanches sont saisies sur les malades, celles-ci «ne sont pas toujours utilisées comme telles», fait-il valoir.


Codes blancs

Infirmière-chef à l’urgence, Karell Bossé indique qu’en moyenne, de deux à trois codes blancs par jour sont déclenchés au CHUM. Une intervention déclenchée lorsqu’un employé perçoit un risque, pour lui ou le patient.

Elle assure la présence abondante d’agents de sécurité sur les lieux pour tous les quarts de travail.

Une intervenante psychosociale est aussi en poste pour aider les patients, qui auraient besoin d’une place pour dormir ou manger la nuit, par exemple.

Pour sa part, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ne dit pas si ses agents patrouillent davantage dans le secteur, refusant de commenter cet enjeu de sécurité publique.

LES URGENTOLOGUES PRÉOCCUPÉS PAR LA VIOLENCE
Préoccupés par la violence dans les salles d’urgence et la hausse des armes blanches en circulation, les urgentologues du Québec souhaitent améliorer la sécurité avant qu’un événement grave survienne.

«Il ne faut pas attendre que quelqu’un se fasse poignarder ou tirer dans une urgence pour agir», réagit le Dr Gilbert Boucher, président de l’Association des spécialistes en médecine d’urgence du Québec (ASMUQ).

Anick Mailhot
COURTOISIE
«Mais on ne veut pas que les salles d’attente deviennent des prisons avec des détecteurs de métal et des policiers à l’entrée. Il faut trouver un juste milieu», nuance-t-il.

La question de la sécurité des employés et des patients dans les urgences du Québec préoccupe de plus en plus les urgentologues. Notamment, on constate une hausse du nombre d’armes blanches en circulation.

Qu’est-ce qu’on fait?

«Avant, c’était sporadique, mais là, il y en a plus. Qu’est-ce qu’on fait quand quelqu’un a un couteau?» demande le spécialiste, sans connaître la réponse.


Depuis décembre, l’Hôpital du Sacré-Cœur a mis en place un projet pilote qui permet des fouilles visuelles des patients qui entrent à l’urgence. En moyenne, cinq objets sont saisis par jour (comme des couteaux).

Selon le Dr Boucher, cette réalité est rapportée dans plusieurs hôpitaux des grands centres urbains (Montréal, Québec, Sherbrooke).

Par ailleurs, la violence physique ou verbale des usagers peut aussi découler de toutes sortes d’autres problèmes: santé mentale, intoxication, longue attente.

«Juste définir le problème, ce n’est pas facile, avoue-t-il. Les salles d’attente peuvent devenir explosives à cause des longues attentes.»

Mauvaise drogue

«La montée de l’agressivité, c’est quelque chose qu’on observe dû à la [mauvaise] qualité de la drogue qui circule depuis la pandémie. C’est généralisé, répandu dans les populations vulnérables», ajoute quant à elle Marie-Pier Therrien, directrice des communications à la Mission Old Brewery, qui vient en aide aux itinérants à Montréal.

«Ce n’est pas surprenant que ça se reflète dans les milieux hospitaliers, car on le voit dans la rue», dit-elle.


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