Métro Média tombe au combat.... (Forum)

par Jéromec, samedi 12 août 2023, 17:41 (il y a 277 jours) @ Jéromec

Métro Média tombe au combat.... a qui le suivant?

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2002792/journal-metro-media-fin-activite-financement

Métro Média suspend toutes ses activités

La Presse canadienne
Publié hier à 17 h 14 HAE
Mis à jour hier à 20 h 35 HAE
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La fermeture abrupte des médias du groupe Métro Média, qui compte plus d'une vingtaine de publications hyperlocales à Montréal et à Québec, est une véritable « bombe atomique » pour l'information locale, soutiennent plusieurs observateurs de la scène médiatique québécoise.

Vendredi, peu après 16 h 30, le président-directeur général de l'entreprise, Andrew Mulé, a annoncé à ses employés, collègues et collaborateurs la suspension immédiate des activités de Métro, de tous [ses] journaux et de [ses] sites web communautaires.

Le temps était mon pire ennemi et ce que je craignais est malheureusement arrivé, mais de manière brusque et soudaine, se désole l'éditeur, qui dit avoir été informé mercredi que l'entreprise n'avait plus les liquidités nécessaires pour poursuivre ses activités, et ce, en dépit d'un bilan sain.

Selon Jean-Hugues Roy, professeur à l'École des médias de l'UQAM, la cessation des activités du groupe Métro Média est à la fois triste et attendue.

C'est même tragique... C'est une bombe atomique pour l'information locale à Montréal et à Québec. C'est un pan d'histoire du journalisme, mais aussi de certains quartiers, qui disparaît. Le Messager de Verdun célèbre ses 110 ans cette année. [...] Ce sont des communautés qui comptent sur ces journaux comme sources d'information.

Une citation deJean-Hugues Roy, professeur à l'École des médias de l'UQAM
Son collègue Patrick White abonde dans le même sens, indiquant même que les deux plus grandes villes de la province seront aux prises avec des déserts médiatiques.

Jean-Hugues Roy en entrevue dans un studio de radio.
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Jean-Hugues Roy, professeur à l'École des médias de l'UQAM

PHOTO : RADIO-CANADA / PHILIPPE COUTURE

C'est une très, très mauvaise nouvelle pour la démocratie locale, soutient-il. C'est la fin du modèle de couverture hyperlocale à Montréal et à Québec. On va cesser de couvrir des conseils d'arrondissement.

Ce n'est pas une bonne nouvelle pour la société en général si on perd plusieurs voix qui couvrent l'actualité, complète Éric-Pierre Champagne, vice-président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec. Quand l'information ne sort pas gagnante, c'est le public qui sort perdant.

Angle mort
Il souligne que les hebdomadaires du groupe couvraient un certain angle mort des grands quotidiens montréalais.

La présidente de la Fédération nationale de la culture et des communications (FNCC), Annick Charette, qualifie cette annonce de catastrophique, alors qu'elle travaillait étroitement avec M. Mulé depuis plusieurs mois pour sortir l'entreprise de ses difficultés.

Ça vient créer un gros, gros trou. Pour de nombreuses communautés, leur hebdomadaire était un véhicule de communication très important. Pour bien des gens, il s'agissait des seules nouvelles ou publications en français qui entraient dans leur foyer.

Une citation deAnnick Charette, présidente de la Fédération nationale de la culture et des communications
On a travaillé fort avec les propriétaires, on a tenté de trouver des solutions parallèles, on a eu des rencontres avec plusieurs investisseurs, la Ville... J'espère que cette fermeture ne sera que temporaire, ajoute la syndicaliste qui, en mai dernier, avait craint dans un communiqué la disparition pure et simple de cette presse de proximité si aucune mesure d'aide n'était apportée à l'entreprise.

Métro Média a été créé en avril 2018 au moment de l'acquisition du quotidien Métro ainsi que de 11 publications métropolitaines et de 5 publications de la Capitale-Nationale. Certaines de ces publications frôlaient le siècle d'existence.

Selon des statistiques publiées sur le site de l'entreprise, le journal Métro rejoignait 100 000 lecteurs chaque semaine. Son site Internet comptait 1,9 million de visiteurs uniques chaque mois. L'ensemble des hebdomadaires étaient distribués à raison de 165 000 exemplaires chaque mois.

L'entreprise comptait une centaine d'employés, dont plus de la moitié étaient syndiqués.

Quelques licenciements avaient eu lieu l'hiver dernier et au cours des dernières semaines.

Joint au moyen des réseaux sociaux, M. Mulé a décliné la demande d'entrevue de La Presse canadienne, estimant avoir tout dit dans son message.

La fin du Publisac montrée du doigt
L'homme d'affaires a souligné que, malgré un virage numérique majeur et significatif, Métro a reçu un coup particulièrement dévastateur lorsque la mairesse de Montréal a annoncé la fin de notre mode de distribution, le Publisac.

Gros plan sur un Publisac.
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Un Publisac accroché à une boîte postale

PHOTO : RADIO-CANADA / MÉLISSA PARADIS

[Nous] ne pouvions pas subir une perte dévastatrice de nos revenus subitement et suivre une feuille de route numérique ambitieuse et coûteuse sans aide financière externe. Nous sommes après tout une petite entreprise sans financement, et la fin prématurée de nos médias imprimés a fait que nous n'avions aucun moyen de financer rapidement notre avenir sans un investissement important, écrit M. Mulé, ajoutant qu'il a passé la dernière année à frapper à toutes les portes du Québec et du Canada pour obtenir de l'aide.

Le printemps dernier, M. Mulé avait menacé de mettre à pied la moitié de ses employés à défaut d'avoir un soutien financier de la part de Montréal, en raison de la suspension de la distribution de ses journaux dans le Publisac.

En avril 2022, la Ville de Montréal avait décidé que le Publisac ne serait distribué que sur demande à partir de mai 2023.

La mairesse Valérie Plante avait expliqué que cette mesure était motivée par un souci environnemental, soulignant que plus de 40 millions de circulaires par année et leurs emballages se retrouvaient dans des centres de tri ou d’enfouissement, voire en Inde.

Ainsi, les résidents qui souhaitent recevoir le Publisac doivent l’indiquer en apposant un autocollant sur leur boîte aux lettres. Quelques mois plus tard, la Ville de Montréal annonçait une aide financière de deux millions de dollars à une vingtaine de journaux locaux pour faire face à la disparition du Publisac.

La Ville s’était aussi engagée à plus long terme à acheter de la publicité dans les journaux de quartier pour hausser leurs revenus.

À l'époque, le PDG de Métro Média avait qualifié cette aide de la Ville de bonne nouvelle.

Pour nous donner un peu d'air aujourd'hui, c'est bon, mais on doit aussi regarder l'avenir, avait-il déclaré.

Sur X (anciennement Twitter), la mairesse de Montréal, Valérie Plante, s'est désolée de la fermeture du média. Qualifiant le tout de perte importante pour l'écosystème médiatique et le quotidien des Montréalaises et des Montréalais, l'élue n'a pas répondu aux critiques de M. Mulé concernant sa décision de mettre un terme à la distribution du Publisac.

La transformation radicale de l'environnement d'affaires des médias nécessite une réflexion urgente et des pistes de solution collectives, a plutôt souligné Mme Plante, saluant au passage le travail des artisans du groupe Métro Média.

Ce commentaire semble avoir piqué Andrew Mulé au vif, puisqu'il lui a répliqué que la beauté de communiquer sur les médias sociaux [est le] contrôle total du message lors de la publication sans avoir besoin d'un fact-checking indépendant. Bonne chance avec ça, Montréal.

Le maire de Québec, Bruno Marchand, a pour sa part souligné le travail des journalistes de Métro Média dans la capitale. Les médias sont précieux dans notre société et c'est une perte immense à chaque fois qu'un d'entre eux met la clé sous la porte, a-t-il écrit sur X.

Un modèle d'affaires à revoir
Jean-Hugues Roy n'est pas surpris des déboires de Métro Média, qui tentait depuis plusieurs mois de survivre, notamment en tentant de se muer en coopérative.

Un camelot accroche un Publisac à l'entrée d'une maison, à Montréal.
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Métro dépendait du Publisac, alors que ce mode de distribution était en perte de vitesse.

PHOTO : RADIO-CANADA / MARTIN THIBAULT

L'argument du Publisac, quand on sait qu'un jugement a été rendu il y a un peu plus d'un mois, ça démontre surtout que le modèle d'affaires de l'information qui est à la remorque de la publicité, ça ne marche plus, dit-il. La publicité ne peut plus constituer la seule ou la principale source de revenus pour financer l'information.

Son collègue, Patrick White, abonde dans le même sens.

C'est un vieux modèle d'affaires qu'on a tenté de moderniser avec un virage numérique. On savait que ce n'était pas facile, et l'arrêt de la distribution des journaux a fait très mal.

Une citation dePatrick White, professeur à l'UQAM
M. Roy craint que d'autres médias, qui dépendent encore de ce modèle d'affaires, emboîtent le pas à Métro Média dans les mois qui viennent. Encore beaucoup de journaux, dont certains en région, sont distribués dans le Publisac. On a une voix qui s'éteint, et ça pourrait être le cas de plusieurs autres.

Invité à commenter vendredi, le cabinet de la ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge, a indiqué que la disparition des titres de Métro Média est un autre exemple malheureux de la nécessité du projet de loi C-18. Google et Facebook reçoivent 80 % de tous les revenus publicitaires numériques au Canada. Pendant ce temps, des centaines de salles de nouvelles ont fermé leurs portes. Une presse libre, florissante et indépendante est fondamentale pour notre démocratie. Maintenant, les Canadiens s'attendent que les géants du web paient leur juste part.


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