Le reportage du journal sur les ''touristatas'' n’a laissé personne indifférent. Incognito dans un hôtel de Playa del Carmen, au Mexique, la journaliste Clara Loiseau y a vu plein de Québécois se comportant comme si la pandémie n’existait pas.

Pas de masques ni de lavage des mains. Distanciation inexistante. Accolades. Échanges de verres. L’avion plein à craquer. Clara Loiseau portait le masque et désinfectait ses mains, mais c’est elle que les touristes québécois regardaient de travers !

La semaine dernière, je qualifiais d’« égoïsme pur » le choix d’aller dans le Sud en risquant de rapporter la COVID-19 au Québec et dans l’avion. Le reportage confirme qu’une dose sérieuse de crétinisme décomplexé y est aussi pour beaucoup.

Et la quarantaine au retour ? Combien parmi eux la feront vraiment ? Le Québec dépasse déjà les 8000 morts. Le « colon », lui, voyage et s’amuse au détriment du bien-être de sa propre société.

Il est vrai que si la pandémie mondiale a frappé fort, la faute première en revient aux gouvernements. Malgré les rapports qui, depuis des années, les avertissaient de se préparer à une éventuelle pandémie, leur impréparation face à la COVID-19 était sidérante.

Impréparation sidérante

Les conséquences furent dévastatrices. Au Québec, bien plus encore qu’ailleurs au Canada. En deuxième vague, la responsabilité d’agir est plus partagée.

Il en revient aussi aux gens de tout faire pour tenter de se protéger et protéger les autres en respectant les consignes sanitaires connues. Quand il s’agit de sauver des vies, c’est une responsabilité civique de premier ordre.

Or, une minorité s’en fout. Loin d’être marginale, ici comme ailleurs, elle gagne même du terrain. Et la « fatigue » n’explique pas tout. Les personnes qui respectent les consignes sont fatiguées, elles aussi.

Depuis des mois, elles agissent néanmoins en citoyennes responsables d’elles-mêmes et des autres. En pandémie, le devoir de protection mutuelle est lourd à porter, mais il est le seul pouvoir concret que nous avons face au virus.

Tourisme vaccinal ?

Face aux colons bienheureux, ici ou en voyage, combien de gens responsables sentiront toutefois que leurs sacrifices sont bousillés par des bandes d’Elvis Gratton en délire ?

En même temps, la propagation du virus monte en flèche. La Santé publique hésite encore à reconnaître la contagion du virus par aérosols. Des touristatas, des complotistes, des faiseux de partys clandestins et des bozos au masque pendouillant volontairement sous le nez ou le menton, contribueront aussi à propager la COVID-19.

Un « nouveau variant » la rendrait même encore plus contagieuse. Ce qui, selon les experts, risque de faire grimper les hospitalisations et les décès.

Et la fameuse lumière au bout du tunnel ? Elle viendra un jour, mais pendant que les vaccins arrivent au compte-gouttes au Canada, le réseau CTV rapportait ceci.

Les snowbirds canadiens, au lieu d’attendre possiblement des mois ici pour un vaccin contre la COVID-19, y auraient droit plus rapidement en Arizona et en Floride. Le tout, aux mêmes conditions que les autres résidents locaux.

Appelons ça la voie rapide royale. En traversant la frontière au lieu de rester au pays, des snowbirds s’en trouveraient ainsi récompensés d’un vaccin, pendant qu’ici, ce sera la file d’attente.

Si le fédéral n’accélère pas la distribution de vaccins à travers le Canada, on risque même, selon le reportage, d’assister à un nouveau phénomène : le « tourisme vaccinal » vers le sud des États-Unis.

https://www.journaldequebec.com/2020/12/29/elvis-gratton-et-ses-clones-a-la-plage