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Un antibiotique contre la maladie de Lyme (Forum)

par Dédé ⌂ @, vendredi 10 décembre 2021, 10:12 (il y a 869 jours)

Source : Un antibiotique contre la maladie de Lyme


RICHARD BÉLIVEAU
Dimanche, 5 décembre 2021 17:50
MISE À JOUR Dimanche, 5 décembre 2021 17:50

Une fascinante recherche rapporte que l’hygromycine A, un antibiotique identifié dans les années 1950 et abandonné depuis longtemps, présente étonnamment une forte activité contre la bactérie responsable de la maladie de Lyme.

L’augmentation du risque de transmission de maladies infectieuses par des vecteurs comme les moustiques et les tiques est l’une des conséquences concrètes des changements climatiques. Le réchauffement favorise en effet l’expansion géographique de plusieurs de ces vecteurs, ce qui a pour effet d’exposer de plus en plus d’individus à certains agents pathogènes.

L’apparition de la maladie de Lyme dans le sud du Canada, incluant le sud du Québec, représente un bon exemple de ce phénomène. Cette maladie originaire de Nouvelle-Angleterre (elle a été décrite pour la première fois dans la ville de Lyme au Connecticut, d’où son nom) est causée par la bactérie spirochète Borrelia burgdorferi et transmise par la morsure d’une tique appelée Ixodes scapularis. La maladie a commencé à se manifester dans le Sud-est canadien au début des années 2000 et les données indiquent que la hausse des températures a provoqué une expansion du territoire de la tique I. scapularis vers le nord, à un rythme d’environ 33 à 55 km par année(1). C’est pour cette raison que l’incidence annuelle de la maladie de Lyme a grimpé en flèche au cours des dernières années au Canada, passant de 40 cas en 2004 à près de 1000 cas en 2016.

Antibiotiques peu performants

L’infection par la bactérie B. burgdorferi provoque très souvent une éruption cutanée (rash) appelée érythème migrant au site d’inoculation par la tique. À partir de là, la bactérie peut se répandre rapidement non seulement dans la peau, mais aussi au niveau du cœur et du système nerveux et causer des myocardites, des inflammations nerveuses douloureuses (radiculites) ou paralysantes et des méningites.

En clinique, la maladie est traitée avec des antibiotiques à large spectre comme la doxycycline, l’amoxicilline et la ceftriaxone. Ces traitements non spécifiques entraînent cependant des effets secondaires considérables pour les patients, car ils détruisent le microbiote intestinal, la communauté bactérienne qui joue d’innombrables rôles cruciaux dans le maintien d’une bonne santé, et de plus, favorisent la prolifération de bactéries opportunistes résistantes (les entérocoques, par exemple) qui en profitent pour s’établir et perturber l’équilibre gastro-intestinal. L’identification d’antibiotiques plus spécifiques est donc clairement souhaitable pour améliorer le traitement de cette maladie.

Redécouverte d’un antibiotique

Pour identifier ce type d’antibiotiques, une équipe de microbiologistes américains a utilisé comme matériel de départ des centaines d’extraits provenant d’actinomycètes, un groupe de bactéries filamenteuses très répandues dans l’environnement et qui sont connues pour produire plusieurs composés bactéricides(2). À leur grande surprise, le seul composé doté d’une forte action antibiotique spécifique à B. burgdorferi qui a pu être identifié par cette approche était l’hygromycine A, un antibiotique isolé il y a près de 70 ans et qui n’avait jamais été vraiment utilisé en clinique en raison de sa faible activité contre la plupart des bactéries.

Cette action spécifique de l’hygromycine A contre B. burgorferi, combinée à l’absence d’effets contre la plupart des autres groupes de bactéries, est extrêmement intéressante, car elle pourrait permettre de traiter la maladie de Lyme sans provoquer les effets secondaires typiques, notamment intestinaux, des antibiotiques à large spectre.

Les études préliminaires réalisées sur des modèles animaux abondent en ce sens : l’administration de l’antibiotique par voie orale à des souris infectées par B. burgdorferi a permis de guérir l’infection, sans effet significatif sur la composition du microbiote intestinal des animaux. Puisque les souris sauvages représentent un des principaux réservoirs naturels de cette bactérie, ces résultats permettent d’envisager l’utilisation d’appâts pour les souris sauvages, qui contiendraient de l’hygromycine A pour éradiquer ce pathogène à la source, avant qu’il puisse être transmis aux humains par l’intermédiaire des tiques.

Beaucoup de travail reste à faire, mais ces résultats permettent d’envisager pour la première fois le développement d’un traitement antibiotique spécifique contre la maladie de Lyme et d’éviter les complications désastreuses souvent associées à cette maladie et aux traitements actuels.

[image]

Une très belle avancée pour les gens qui sont atteints par cette bactérie qui cause la maladie de la Lyme. Ce qui est encore plus encourageant, est le combat à la source avec les souris de laboratoire envoyées aux souris sauvages avec l'antibiotique. C'est prometteur.

Ah ces changements climatiques, ça réveiller les tiques ! :D

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Un antibiotique contre la maladie de Lyme

par Blake, vendredi 10 décembre 2021, 19:08 (il y a 869 jours) @ Dédé

Source : Un antibiotique contre la maladie de Lyme


RICHARD BÉLIVEAU
Dimanche, 5 décembre 2021 17:50
MISE À JOUR Dimanche, 5 décembre 2021 17:50

Une fascinante recherche rapporte que l’hygromycine A, un antibiotique identifié dans les années 1950 et abandonné depuis longtemps, présente étonnamment une forte activité contre la bactérie responsable de la maladie de Lyme.

L’augmentation du risque de transmission de maladies infectieuses par des vecteurs comme les moustiques et les tiques est l’une des conséquences concrètes des changements climatiques. Le réchauffement favorise en effet l’expansion géographique de plusieurs de ces vecteurs, ce qui a pour effet d’exposer de plus en plus d’individus à certains agents pathogènes.

L’apparition de la maladie de Lyme dans le sud du Canada, incluant le sud du Québec, représente un bon exemple de ce phénomène. Cette maladie originaire de Nouvelle-Angleterre (elle a été décrite pour la première fois dans la ville de Lyme au Connecticut, d’où son nom) est causée par la bactérie spirochète Borrelia burgdorferi et transmise par la morsure d’une tique appelée Ixodes scapularis. La maladie a commencé à se manifester dans le Sud-est canadien au début des années 2000 et les données indiquent que la hausse des températures a provoqué une expansion du territoire de la tique I. scapularis vers le nord, à un rythme d’environ 33 à 55 km par année(1). C’est pour cette raison que l’incidence annuelle de la maladie de Lyme a grimpé en flèche au cours des dernières années au Canada, passant de 40 cas en 2004 à près de 1000 cas en 2016.

Antibiotiques peu performants

L’infection par la bactérie B. burgdorferi provoque très souvent une éruption cutanée (rash) appelée érythème migrant au site d’inoculation par la tique. À partir de là, la bactérie peut se répandre rapidement non seulement dans la peau, mais aussi au niveau du cœur et du système nerveux et causer des myocardites, des inflammations nerveuses douloureuses (radiculites) ou paralysantes et des méningites.

En clinique, la maladie est traitée avec des antibiotiques à large spectre comme la doxycycline, l’amoxicilline et la ceftriaxone. Ces traitements non spécifiques entraînent cependant des effets secondaires considérables pour les patients, car ils détruisent le microbiote intestinal, la communauté bactérienne qui joue d’innombrables rôles cruciaux dans le maintien d’une bonne santé, et de plus, favorisent la prolifération de bactéries opportunistes résistantes (les entérocoques, par exemple) qui en profitent pour s’établir et perturber l’équilibre gastro-intestinal. L’identification d’antibiotiques plus spécifiques est donc clairement souhaitable pour améliorer le traitement de cette maladie.

Redécouverte d’un antibiotique

Pour identifier ce type d’antibiotiques, une équipe de microbiologistes américains a utilisé comme matériel de départ des centaines d’extraits provenant d’actinomycètes, un groupe de bactéries filamenteuses très répandues dans l’environnement et qui sont connues pour produire plusieurs composés bactéricides(2). À leur grande surprise, le seul composé doté d’une forte action antibiotique spécifique à B. burgdorferi qui a pu être identifié par cette approche était l’hygromycine A, un antibiotique isolé il y a près de 70 ans et qui n’avait jamais été vraiment utilisé en clinique en raison de sa faible activité contre la plupart des bactéries.

Cette action spécifique de l’hygromycine A contre B. burgorferi, combinée à l’absence d’effets contre la plupart des autres groupes de bactéries, est extrêmement intéressante, car elle pourrait permettre de traiter la maladie de Lyme sans provoquer les effets secondaires typiques, notamment intestinaux, des antibiotiques à large spectre.

Les études préliminaires réalisées sur des modèles animaux abondent en ce sens : l’administration de l’antibiotique par voie orale à des souris infectées par B. burgdorferi a permis de guérir l’infection, sans effet significatif sur la composition du microbiote intestinal des animaux. Puisque les souris sauvages représentent un des principaux réservoirs naturels de cette bactérie, ces résultats permettent d’envisager l’utilisation d’appâts pour les souris sauvages, qui contiendraient de l’hygromycine A pour éradiquer ce pathogène à la source, avant qu’il puisse être transmis aux humains par l’intermédiaire des tiques.

Beaucoup de travail reste à faire, mais ces résultats permettent d’envisager pour la première fois le développement d’un traitement antibiotique spécifique contre la maladie de Lyme et d’éviter les complications désastreuses souvent associées à cette maladie et aux traitements actuels.

[image]

Une très belle avancée pour les gens qui sont atteints par cette bactérie qui cause la maladie de la Lyme. Ce qui est encore plus encourageant, est le combat à la source avec les souris de laboratoire envoyées aux souris sauvages avec l'antibiotique. C'est prometteur.

Ah ces changements climatiques, ça réveiller les tiques ! :D

Maudite bonne nouvelle ça.

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