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Cri du cœur d'un paramédic ! (Forum)

par Blake, mardi 21 mars 2023, 01:00 (il y a 404 jours) @ Dédé

Voici ce que je lui ai écrit :

Dédé Brisson

Beau et un vrai bon texte M. Lafrenière !

Je suis un estropié du métier de Technicien-Ambulancier (T.A.) depuis 1994. Estropié puisque je suis invalide à l'emploi depuis ce temps suite à un accident de travail qui a causé une lésion permanente suite à une complication d'une neurochirurgie au niveau L5-S1 ( j'ai fait une pacchyméningite post-opératoire). Le pire, cela aurait pu être éviter puisque j'ai été sommé de poursuivre mon quart de travail après l'incident et qu'on ne pouvait pas me remplacer faute de ressource de la liste de rappel.

Depuis ce temps, j'ai passé aux gammes d'émotions du moins pire au pire, car du jour au lendemain, j'étais devenu un retraité du travail à 34 ans ( j'en ai maintenant presque 64 ans ) avec en prime la douleur récurrente ( syndrome de la douleur chronique ), des hauts et des bas émotionnels et durant ces derniers, des pensées noires et une bataille interminable envers l'administration de la CNESST qui a finalement terminé en 2018 pour être reconnu invalide à l'emploi avec mon plein salaire jusqu'à 68 ans.

Déjà à cette époque, les T.A. vivaient ce que vous vivez aujourd'hui en tant que paramédics. Ce que vous avez énuméré, était exactement la même chose à cette époque que je travaillais, et j'ai commencé très jeune ( à 17 ans ) ce métier qui n'était même pas reconnu avant d'être syndicalisés. Je compatis à ce que les paramédics vivent actuellement mais il semble évident que rien ne semble vouloir aller pour le mieux pour ce noble métier.

Alors, bon courage et espérons qu'un jour qu'un illuminé politicien puisse vraiment voir le réel besoin des soins préhospitaliers et de régir de meilleures conditions et un meilleur salaire avec les conditions et les exigences requises pour faire ce métier.
Je suis de tout cœur avec votre cri venant du même endroit. ????

Dédé Brisson
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Ce n'est pas demain la veille qui va changer ceci, hélas !

Dédé


Excellente réponse au monsieur mon Dédé. Et vraiment d'accord avec ton commentaire que j'ai mis en rouge.

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Je me souviens lorsque j'ai débuté ce métier, j'avais 17 ans en chemin vers 18 ans deux mois plus tard. Nous avions des anciens corbillards comme ambulance, nous avions une civière, une petite mallette de docteur avec un contenu de compressifs, des bandes au gaze et une bouteille d'oxygène fixe dans l'ambulance. J'étais à la fin de ce temps parce que 2 ans plus tard, les corbillards étaient remplacés par des camionnettes à panel montées par le propriétaire. Ça faisait dur en tabarnack ! :D

Le salaire, il faisait encore plus dur. Nous n'étions pas payés à l'heure, mais bien par appel. Nous avions une faction de disponibilité qui durait la plupart du temps, 24 heures et nous étions pour la grande région de St-Jérôme, que trois équipes de deux, le chauffeur devait héberger le préposé pour le temps des factions ou, être proche l'un et de l'autre chacun chez soi. Pendant les factions, il n'était pas question de faire des emplettes et ni faire du social. La venue des pagettes ont changé un brin cette coutume en ayant sur soi celle-ci lors des journées de faction et de disponibilité. La durée d'une faction de 12 heures, nous donnait $12.00 et après 3 appels, nous avions $5.00 l'appel. Il n'était pas rare que nous en faisions une douzaine par faction de 12 heures.

C'était fou raide mais la plupart s'en câlissait, l'adrénaline retrouvée durant les appels valait la peine d'être vécu, nous étions indispensables pour sauver des vies et nous avions le net contrôle de la situation de soins d'urgence.

Nous nous sommes battus pour avoir une reconnaissance médicale avec les programmes d'instruction du métier à l'époque qui n'étaient même pas reconnus par le ministère de l'éducation. Après nous avoir syndiqués, c'est là que tout a changé, ça été très dure bataille au début de l'année 1984 sur la syndicalisation des employés de chaque compagnie de transport ambulancier. Le salaire dépassait largement celui du minimum à l'époque et nous avions des factions à l'heure ( 8-10-12 heures par jour selon les secteurs ). Chaque véhicule avait tout le matériel nécessaire pour chaque intervention des cas par cas. Il n'était plus question de quémander aux Urgences des 4x4 ( pansement au gaze ) pour remplacer ceux que nous avions utilisé.

Depuis la loi sur les services essentielles, il est difficile de faire une grève, parce que nous serions immédiatement enfermés dans une cage à poule !

Les gouvernements, se foutent des conditions de travail au service préhospitalier, ils s'en lavent les mains parce qu'il y a un budget qui ne doit pas être dépassé, quel que soit les raisons qui obligeraient le dépassement. En autant que les cadres sont bien payés et qu'ils représentent l'image du produit, tout en performant avec ce qu'ils reçoivent comme budget !

Le service ambulancier est pour plusieurs régions du Québec, privé. Seuls les salaires sont étatisés. Plus l'agglomération d'une municipalité est énorme, plus le service est déficient, parce que budgété. Évidemment, la main-d'oeuvre est importante mais les conditions de travail vont avec la disponibilité des véhicules durant les factions de travail. Juste regarder Montréal, les conditions de travail sont atroces puisque le temps supplémentaire est obligatoire. Les équipes savent lorsque qu'elles débutent leur faction mais ne savent pas à quelle heure qu'elle va se terminer. Et le temps médian ( demi-heure de dîner ) est pratiquement une science-fiction ! :D

En fait, il faut aimer ce métier et être prêt à faire face à l'adversité, parce qu'il va toujours en avoir. Il demeure toutefois à avoir une meilleure éducation pour ce genre de travail parce que la plupart pense qu'il débutera à temps plein mais ce n'est pas le cas. C'est là le hic, les jeunes ne voient que le bon côté sans voir les conditions à l'enjeu. Le salaire est alléchant mais lorsque ils débutent, ils ne sont que des remplaçants avec une disponibilité obligatoire sur une liste de disponibilité de la source de remplacement. Ils peuvent faire 12 heures et plus par semaine mais la liste dépendamment de l'endroit de travail, est tellement longue que parfois ils se retrouvent sans salaire. À moins bien sûr avoir un autre job. Avec une telle condition, la pénurie de main-d'oeuvre peut bien existée.


Pas étonnant que les gens font autre chose que cette job.

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Il y a absolument rien pour encourager à faire ce métier, même avec un salaire de 25$/heure en débutant, surtout avec ces conditions de travail.

Tout à fait vrai. Et c'est dommage car c'est une job tellement importante pour sauver des gens.


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