Toc, toc, au «cockpit» du pilote Drainville (Forum)

par Jéromec, lundi 21 août 2023, 17:33 (il y a 267 jours)

https://twitter.com/BDrainvilleQc
DrainVide accepte les enfants au ventre Vide....


https://www.ledevoir.com/opinion/idees/796555/idees-toc-toc-au-cockpit-du-pilote-bernar...

Toc, toc, au «cockpit» du pilote Drainville

M. Drainville, il y a quelque temps, vous êtes devenu le nouveau pilote d’un des plus imposants aéronefs de la flotte nationale Air Québec. Chaque appareil porte un nom distinct. Le vôtre : Éducation.

Avant le décollage, vous nous avez promis de faire une belle tournée du Québec pour prendre le pouls, pour mieux comprendre ce qui se passe sur le terrain. Avez-vous bel et bien atterri ou avez-vous seulement pris le pouls avec les tours de contrôle ?

Vous avez fait de belles entrevues, comme l’ex-animateur de radio est capable d’en faire, bravo. Silence radio pendant plusieurs mois. Il y a quelques jours, toujours à bord, vous êtes revenu au micro.


Rien de rassurant. Plusieurs agents de bord ont quitté l’avion après une longue carrière ; beaucoup sont éreintés, fatigués, et plusieurs sont motivés, d’accord. Mais plusieurs manquent à l’appel. Comme l’appareil n’a jamais pris le temps de s’arrêter, le personnel manque, l’essence manque, la nourriture manque.


La cerise sur le gâteau : quiconque voudrait s’occuper des passagers pourrait bien le faire. Je n’ai pas peur de l’avion, mais là, j’ai toutes les raisons d’en avoir peur. Le futur personnel devra au moins détenir un bac, ouf ! Qui tombera sur les agents qualifiés ? Le destin se chargera de ça !

Et à travers vos paroles, je comprends que vous aussi êtes démuni. Mais vous êtes un adulte qui pilote l’avion… C’est au moins ça !

« Merci d’avoir choisi de voyager avec Air Québec. » Choisir est un bien grand mot, ici.

Je me suis rendu compte, en entendant vos paroles au micro, que nous ne sommes pas en train de nous écraser. Nous sommes en train de planer. Un pilote se doit d’assurer la sécurité de tous ses passagers, et c’est ce que vous faites, mais dans quelles conditions ? Je vois votre jeu, cher pilote. Vous êtes capable de nous tenir en vol ; un avion peut planer longtemps avant de s’écraser. Mais vous nous maintiendrez dans cet état pendant combien de temps et à quel prix ?

Les agents sont déjà fatigués ; imaginez ceux non qualifiés qui ne savent pas où donner de la tête. La sécurité en paye le prix depuis plusieurs années et ça continue. Les enfants sont fatigués, mais tous ne sont pas conscients de ce qui se passe. L’on s’asphyxie avec notre air recyclé. Prisonniers des airs, prisonniers d’Air Québec, parce que ce n’est pas un choix. La démocratie a ses limites. Non, la plupart des passagers n’ont pas choisi leur pilote.

J’ai un aveu à vous faire… Je voyage en business. Au privé. Et je me sens mal de le faire, mais j’ai fait le choix égocentriste d’être mieux. Et, finalement, j’en souffre quand même, surtout parce que je suis un être empathique et que je vois bien la souffrance autour de moi. Votre conduite, votre façon de piloter l’avion atteignent tout le monde.

Au final, on est tous dans le même bateau ! On finit par se demander où l’on est, justement. Dans quel système : un avion ou un bateau ? Bientôt, nous ne ferons plus la différence. On aura oublié. Enfermé dans votre cockpit, vous êtes le premier à avoir oublié notre système d’éducation.

Vous continuez de nous faire planer. Vous avez verrouillé les portes de votre cockpit. Et vous nous laissez derrière nous « arranger ». Assis à notre siège, à notre poste, voir poindre le crash à l’horizon, c’est de la torture. Encore et toujours, au micro, on entend vos paroles arrogantes, méprisables, preuves de votre déconnexion sur le terrain.

Je suis passager, je suis prof. Je tente de cogner à la porte du cockpit, mais je ne sais pas comment. Il y a peut-être un code secret ; comme quoi l’apprentissage par le jeu m’aurait été utile !… Je ne sais pas comment vous dire à quel point j’ai mal, ça m’enrage, j’ai peur. J’ai un grand pouvoir de résilience et je m’adapterai, mais jusqu’à quand ?

Je suis UN parmi un nombre impressionnant.


Je vous en prie, faites quelque chose, cessez ce planage constant. Je crie à travers la porte du cockpit : « Amenez-nous à bon port. Amenez-nous quelque part ! » Sinon, ayez l’humilité d’ouvrir le cockpit, de prendre votre parachute, et laissez la place à quelqu’un de passionné, de proactif, de formé, de compétent et d’empathique.

Parce que là… Chute de pression. Dépressurisation de la cabine. Les masques à oxygène viennent de tomber. Je dois aller me rasseoir, mettre mon masque, et celui de l’enfant à mes côtés. Je le rassurerai. Je l’éduquerai pour le temps que j’aurai. Les masques sont limités à une dizaine de minutes. Le temps presse, Monsieur le Ministre.

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