Trump débouté par les siens. (Forum)
Trump évoque un report de l'élection, idée rejetée par les républicains
La Constitution américaine est claire : le président n'a pas le pouvoir de décider du report d'une élection présidentielle. Seul le Congrès peut prendre une initiative en ce sens.
Le président américain Donald Trump a évoqué jeudi pour la première fois l'hypothèse d'un report des élections, mettant en avant, sans preuve, des risques de fraude liés à la pandémie de COVID-19.
L'idée a immédiatement été rejetée aussi bien par ses adversaires démocrates que par son propre camp républicain au Congrès, seule institution compétente pour prendre une telle décision.
Pour ses opposants, mais aussi pour certains de ses alliés, les propos du président américain manquent de sérieux et visent uniquement à détourner l'attention de la mauvaise situation économique des États-Unis.
Le message Twitter évoquant la possibilité du report de l'élection a d'ailleurs été envoyé quelques minutes après l'annonce d'une chute historique de 32,9 % du produit intérieur brut (PIB) américain au deuxième trimestre.
Les États-Unis ont franchi mercredi le cap des 150 000 morts attribuables à la COVID-19.
2020 sera l'élection la plus inexacte et la plus frauduleuse de l'histoire, a écrit le locataire de la Maison-Blanche sur Twitter, évoquant le recours élargi au vote par correspondance pour le scrutin du 3 novembre.
Ce sera une véritable honte pour les États-Unis, a-t-il ajouté.
Reporter l'élection jusqu'à ce que les gens puissent voter normalement, en toute sécurité???, a-t-il poursuivi, dans le registre volontiers provocateur dont il est coutumier.
La Constitution américaine est claire : le président n'a pas le pouvoir de décider du report d'une élection présidentielle. Seul le Congrès peut prendre une initiative en ce sens.
Plusieurs élus républicains du Congrès, dont le chef de la majorité sénatoriale Mitch McConnell et le chef de file des représentants républicains Kevin McCarthy, ont aussi rejeté cette idée. Il n'est jamais arrivé dans l'histoire des élections fédérales que nous n'organisions pas de scrutin et nous devrions procéder à cette élection, a dit Kevin McCarthy.
Le sénateur Lindsey Graham, pourtant proche de Donald Trump, a pour sa part jugé que reporter l'élection ne serait probablement pas une bonne idée.
Côté démocrate, le refus d'un report du scrutin est catégorique: Seul le Congrès peut modifier la date de nos élections, a écrit Zoe Lofgren, présidente de la commission de la Chambre des représentants qui supervise le bon déroulement des élections.
Nous n'envisagerons en aucune circonstance de le faire en raison de la réaction inepte et désordonnée du président à la pandémie de coronavirus ou pour donner crédit aux mensonges et à la désinformation qu'il propage au sujet de la façon dont les Américains peuvent voter de manière sûre et sécurisée.
Stupéfaction à la Maison-Blanche
La Maison-Blanche, où certains semblent avoir été pris au dépourvu par le message du président, a renvoyé les questions vers son équipe de campagne.
Le président ne fait que soulever une question au sujet du chaos provoqué par les démocrates avec leur insistance sur le vote par correspondance, a dit Hogan Gidley, attaché de presse de la campagne de Donald Trump.
Un républicain proche de la Maison-Blanche s'est dit stupéfait par le message présidentiel. À l'évidence, il ne peut pas se retenir. Cela commence véritablement à ressembler à la campagne électorale, alors il fait ça, a dit cette source républicaine. C'est terrible. Il commence à donner l'impression de ne même pas vouloir gagner.
Distancé dans les intentions de vote par son futur adversaire démocrate Joe Biden, Donald Trump a déjà exprimé ses doutes sur la légitimité du vote par correspondance, qui s'est fortement développé durant les primaires de désignation des candidats en raison de l'épidémie liée au nouveau coronavirus.
Il a aussi déclaré, sans là non plus apporter de preuves, que le vote de novembre serait faussé et, comme en 2016, il a refusé de promettre qu'il respecterait le résultat officiel du scrutin en cas de défaite.
Depuis plusieurs semaines, Donald Trump, confronté à des sondages très défavorables, brandit le spectre de fraudes massives.
Ses propos sur ce thème ont poussé fin mai Twitter à signaler pour la première fois l'un de ses tweets comme étant trompeur.
Trump en retard sur Biden, selon des sondages
Fin avril, son adversaire démocrate Joe Biden avait prédit que Donald Trump ferait son possible pour reporter l'élection. Souvenez-vous de ce que je vous dis, je pense qu'il va essayer de faire reporter les élections d'une manière ou d'une autre, trouver des raisons pour lesquelles elles ne peuvent pas avoir lieu, avait-il lancé.
Quelques jours plus tard, M. Trump, interrogé lors d'un point de presse à la Maison-Blanche, avait catégoriquement écarté cette hypothèse.
Je n'ai jamais envisagé de changer la date [...] Pourquoi est-ce que je ferais cela?, avait-il répondu, évoquant la propagande du camp démocrate.
Interrogé il y a dix jours sur le fait de savoir s'il accepterait le résultat des élections, le 45e président de l'histoire américaine était resté évasif.
Je verrai, avait-il simplement répondu.
Selon la moyenne des sondages nationaux établie par le site RealClearPolitics, Joe Biden a, depuis plus de six semaines, une avance sur Donald Trump de 8 à 10 points de pourcentage.
Depuis 1980, tous les candidats qui avaient un avantage aussi important au même stade l'ont emporté, à une exception près : celle du démocrate Michael Dukakis, finalement battu par George Bush en 1988.
Au Texas, État dans lequel aucun démocrate ne s'est imposé depuis Jimmy Carter en 1976 et où Donald Trump l'a largement emporté en 2016, les deux candidats sont au coude-à-coude. Or, avec ses 38 grands électeurs, cet État du sud pèsera très lourd à l'heure du décompte.
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1723257/trump-report-election-presidentielle