Trump contredit le directeur des CDC sur les vaccins. (Forum)
L'ensemble de la population américaine aura accès à un vaccin contre la COVID-19 « très bientôt », a assuré le président Donald Trump mercredi, contredisant les prévisions beaucoup plus conservatrices avancées quelques heures plus tôt par le directeur des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) des États-Unis, Robert Redfield.
Au cours d'une conférence de presse, le président américain a rappelé à l'ordre le directeur des CDC, avançant qu'il s'était trompé non pas une fois, mais à deux reprises sur des enjeux liés à la lutte contre le coronavirus.
Devant un comité sénatorial, mercredi, le Dr Redfield, un des scientifiques membres du groupe de travail de la Maison-Blanche sur le coronavirus, a notamment dit s'attendre à ce qu'un vaccin soit disponible en novembre ou en décembre de cette année et que les premières personnes à le recevoir seraient celles éprouvant des problèmes de santé qui les rendent plus vulnérables aux manifestations les plus graves de la COVID-19 et qui risquent davantage d'en mourir.
Pour que le vaccin soit ensuite disponible pour l'ensemble de la population américaine, si l'objectif initial est atteint, il faudra – au plus tôt – attendre à l'été, voire au début de l'automne 2021, a spécifié le Dr Redfield.
Quelques heures plus tard, le président, qui martèle depuis plusieurs jours qu'il pourrait y avoir un vaccin avant l'élection du 3 novembre, a ouvertement contredit le scientifique. Il a fait une erreur, a-t-il tranché.
Je pense qu'il s'est trompé [...] C'est de l'information incorrecte. Je crois qu'il était confus.
Donald Trump
Même si les propos du Dr Redfield étaient sans équivoque, Donald Trump a affirmé qu'il avait peut-être mal compris la question et ajouté qu'il ne connaissait peut-être pas le processus de distribution des vaccins aussi bien que lui.
Plusieurs experts contredisent pour leur part les prédictions optimistes du président Trump, et ses adversaires craignent qu'il tente de précipiter le processus de distribution d'un vaccin afin de favoriser sa réélection.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a elle aussi déjà signalé que les vaccinations à grande échelle contre la COVID-19 ne devraient pas commencer avant le milieu de l'an prochain, insistant sur l'importance d'un contrôle rigoureux de l'efficacité et de l'innocuité des nombreux vaccins actuellement en développement.
Après avoir contesté la date de disponibilité des vaccins avancée par le Dr Redfield, le président Trump l'a contredit sur la protection offerte par le port du masque.
Tenant un masque, le Dr Redfield soulignait les limites des vaccins, expliquant qu'ils ne seraient pas efficaces pour tous.
Je pourrais même dire que les garanties que ce masque facial me protège contre la COVID sont plus grandes que celles d'un vaccin que je recevrais, car l'immunogénicité [d'un vaccin] pourrait être de 70 %, a-t-il expliqué.
Si je ne développe pas de réponse immunitaire, le vaccin ne me protégera pas. Ce masque facial, lui, oui.
Robert Redfield, directeur des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies
Le masque n'est pas aussi important que le vaccin. Le masque, peut-être, aide, a de son côté argué Donald Trump, qui a indiqué avoir appelé le Dr Redfield pour lui demander pourquoi il avait répondu ainsi au sujet de la disponibilité des vaccins et de l'avantage des masques sur les vaccins.
Le message du président, qui n'est pas nouveau, a été lancé au lendemain d'une assemblée citoyenne à laquelle il participait et au cours de laquelle il a semblé mettre en doute l'efficacité du masque.
Plusieurs personnes ne veulent pas porter un masque. Plusieurs personnes pensent que les masques ne sont pas bons, a-t-il lancé au journaliste d'ABC News George Stephanopoulos. Qui sont ces personnes?, a demandé le journaliste. Je vais vous dire qui elles sont : les serveurs, a rétorqué le président, ajoutant qu'ils touchaient fréquemment à leur masque.
Pendant sa comparution devant le comité sénatorial, le Dr Redfield a une fois de plus martelé l'importance des couvre-visage et de la distanciation sociale pour freiner efficacement la propagation du coronavirus. Si le port du masque était généralisé, la pandémie pourrait être contrôlée en quelques semaines, a-t-il estimé, plaidant notamment auprès des jeunes de 18 à 25 ans.
Quand un vaccin efficace contre le coronavirus sera disponible, il faudra probablement six à neuf mois avant qu'il soit administré à un nombre suffisant d'Américains pour que cela ait un effet significatif sur la pandémie, a-t-il indiqué.
Le retour à une vie normale sera probablement envisageable vers la fin du deuxième trimestre, le troisième trimestre 2021, a-t-il déclaré.
Le mois dernier, le directeur de l'Institut national des allergies et des maladies infectieuses, le Dr Anthony Fauci, a dit que les scientifiques espéraient un vaccin qui aurait un taux d'efficacité de 75 %.
La Food and Drug Administration (FDA), qui autorise notamment la commercialisation des médicaments, a indiqué qu'elle autoriserait un vaccin contre le SARS-CoV-2 s'il était sûr et efficace à au moins 50 %.
Plusieurs compagnies, dont les américaines Johnson & Johnson et Pfizer, la française Sanofi Pasteur, la chinoise Sinopharm et la québécoise Medicago, sont lancées dans la course au vaccin. AstraZeneca et l'université britannique Oxford ont repris cette semaine leurs essais, qu'elles avaient dû suspendre après l'apparition d'une maladie potentiellement inexpliquée chez un participant.
La Russie a pour sa part approuvé un vaccin, qui est déjà offert à des volontaires, sans terminer tous les tests cliniques.
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1734284/impact-vaccin-pandemie-cdc-biden-trump