Très bon article de Radio-Can sur les élections USA. (Forum)
Donald Trump peut-il encore faire mentir les sondages?
Il suffit de prendre la peine d’écouter quelques discours de Donald Trump dans leur intégralité pendant ses fameux rassemblements partisans devant quelques milliers de fidèles pour se rendre compte de deux choses.
D’abord, il adore faire campagne devant un public conquis d’avance. Ensuite, il y a quelque chose qui fait cruellement défaut : un programme sur lequel bâtir ses arguments de réélection. Malgré tout, peut-il encore gagner grâce aux fameux électeurs silencieux et « cachés » dans les sondages?
Le résultat de 2016 continue de hanter les mémoires des sondeurs, quatre ans plus tard.
L’un des ténors de la profession, Frank Luntz a déclaré ceci à une dizaine de jours du vote : Si jamais Trump fait mentir les sondages cette fois-ci, ma profession est foutue.
Voilà qui en dit long sur sa crainte d’une surprise, non pas d’octobre, car on ne les compte plus, mais bien de novembre.
Un de mes bons amis américains de Washington ne cesse de me le répéter, attention, vous les médias, vous n’avez pas vu ces électeurs cachés qui ont voté pour Trump en 2016. Il y en a encore pas mal cette fois-ci et plus que vous pensez. Et ils sont dans toutes les couches de la société. Méfiez-vous, beaucoup n’osent pas dire qu’ils voteront pour Trump.
Lui qui a voté démocrate se dit très nerveux face à la date fatidique du 3 novembre. Même face aux sondages qui donnent une bonne marge d’avance à Biden contre Trump au niveau national, ou encore dans certains États pivots.
Un scénario plausible?
D’abord, nous ne sommes plus en 2016 et l’attrait de la nouveauté n’est plus à l’ordre du jour. Le président a maintenant d’abord un bilan qu’il doit défendre et devrait normalement avoir une vision à présenter pour convaincre les électeurs du bien-fondé de sa réélection.
Dans le premier cas, le bilan semblait être positif avant le début de la pandémie. La croissance économique bien enclenchée sous Barack Obama a permis à Donald Trump d’en bénéficier et d’avoir de bons indicateurs économiques.
Mais la COVID-19 a tout chamboulé et sa gestion parfois désinvolte du dossier a plongé le pays dans le rouge. Je prends mes responsabilités, a-t-il déclaré jeudi soir lors du débat face à Biden, mais, a-t-il ajouté, ce n’est pas de ma faute, c’est à cause de la Chine.
La question que chaque électeur se pose en général à chaque élection est : Est-ce que ma situation est pire ou meilleure qu’il y a quatre ans? Sur ce point, entre 50 et 61 % estiment que leur situation s’est améliorée, même en dépit de la pandémie et de la crise économique.
Par contre, c’est loin d’être gagné pour le président quand on leur demande si le pays s’en va dans la bonne direction.
Reste alors le deuxième cas, celui de la vision. Mais sur quoi les Américains peuvent-ils se baser? Où est le fameux programme électoral du président? Il tient en une phrase : Votez pour moi et vous verrez…
Un pari qui l’a fait gagner en 2016, mais qui est plutôt risqué aujourd’hui. Car cette élection présidentielle est devenue un véritable référendum sur lui et sur sa personnalité. Non pas parce que Biden l’a voulu, mais parce que Trump lui-même a choisi de jouer sa propre carte.
Un risque plus ou moins calculé qui se retrouve aujourd’hui face à une certaine érosion du soutien au sein de ses clientèles favorites (évangéliques, femmes de banlieue, personnes âgées et militaires), ce qui n’est pas un très bon signe pour une éventuelle réédition de son exploit d’il y a quatre ans.
Un président dans sa bulle confortable
Donald Trump axe presque toute sa campagne sur les attaques virulentes contre son adversaire et alimente la ferveur de ses patriotes par des théories issues de l’écosystème de Fox News ou de l’extrême droitosphère complotiste.
Cela peut attirer bien des acclamations pendant ses rassemblements sur le tarmac des aéroports, mais en dehors de cette bulle confortable, peu nombreux sont les électeurs à donner de la crédibilité à ces échafaudages parfois instables, ou même à comprendre de quoi il s’agit.
Lui qui durcit ses attaques contre son adversaire démocrate, encore plus corrompu qu’Hillary Clinton, martèle-t-il, et contre la presse, forcément complice selon lui, enchaîne faussetés et mensonges à un rythme effréné dans ses envolées enflammées face à son public qui n’en demande pas tant pour l’applaudir et scander Four more years !
Mais ces rassemblements n’attirent pas les seniors, les indépendants ou les femmes de banlieue dont il a besoin. Au contraire. Pas de projet pour les convaincre, juste ressasser les quatre dernières années et attaquer, attaquer, attaquer.
Ces rassemblements ne font donc que conforter l’opinion de ceux qui y assistent, un public conquis d’avance. Mais gagner en terrain ami ne vous fait pas gagner la guerre. Et quand vient le temps de faire campagne pour se faire réélire, cela prend justement le nerf de la guerre, l’argent.
Des coffres presque vides
Pour démontrer que Donald Trump a toujours aimé faire campagne pour gagner, il suffit de se rappeler que c’est ce qu’il avait fait au lendemain de sa cérémonie d’investiture, en janvier 2017. À peine investi de sa fonction présidentielle, il avait tout bonnement et simplement créé son comité de réélection pour 2020.
Son premier mandat en poche, il songeait déjà à remporter son deuxième avant même de gouverner. Ce comité qui a amassé bien de l’argent allait ainsi lui assurer un joli pactole pour faire face à la campagne de 2020. Sachez qu’en janvier 2019, il y avait 1,5 milliard de dollars dans ces coffres. Un chiffre impressionnant qui a rétréci comme une peau de chagrin moins de deux ans plus tard.
Donald Trump termine en effet le mois d’octobre avec 63 millions de dollars. Joe Biden, lui, a encore trois fois plus d’argent que son rival, ce qui lui permet d’acheter bien de l’espace publicitaire dans des États que les démocrates n’espéraient même pas peut-être gagner.
Avez-vous vu les files d’attente pour le vote anticipé et les derniers sondages au Texas? Le fait que Biden y soit en avance d’un point reste négligeable, mais qui aurait pu penser qu’un candidat présidentiel démocrate serait si proche dans les intentions de vote dans une terre pourtant acquise habituellement aux républicains?
Difficile de ne pas y voir un signe que la campagne la plus tonitruante et la plus présente sur le terrain ne fait plus recette en matière de collecte d’argent.
Une élection présidentielle n’est pas seulement un concours de popularité parmi ceux qui vous suivent comme des disciples, il faut savoir aussi séduire et attirer de nouveaux appuis en dehors de cette bulle.
Mais où sont-ils, aujourd’hui, à un peu plus d’une semaine du scrutin? Si jamais ils existent, en tout cas, ils sont vraiment très discrets dans les sondages. Donald Trump peut-il encore faire mentir les sondages?
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