Mort aux vieux:ces sociétés antiques qui tuaient leurs aînés (Sciences & Paranormal)
Source : Mort aux vieux : ces sociétés antiques qui tuaient leurs aînés
La roche Tarpéienne, une crête rocheuse située à l’extrémité sud-ouest du Capitole, à Rome, était un lieu d'exécution jusqu’à la fin de la République romaine, principalement pour les criminels et en particulier ceux qui se rendaient coupables de faux témoignage et de haute trahison.
PHOTOGRAPHIE DE HISTORY_DOCU_PHOTO / ALAMY BANQUE D'IMAGES
DE MANON MEYER-HILFIGER, "MANON MEYER-HILFIGER, NATIONAL GEOGRAPHIC
PUBLICATION 4 MARS 2023, 09:00 CET
Pendant l’Antiquité, de nombreux historiens et géographes grecs ont décrit des sociétés où les jeunes auraient tué leurs parents vieillissants, de manière plus ou moins cruelle.
La Sardaigne, ses plages ensoleillées, ses tenues traditionnelles colorées, sa cuisine riche et variée... Et ses meurtres de vieillards dans l’Antiquité. Voilà du moins ce que rapportait l’historien antique Timée de Tauroménion, abasourdi par ce qu’il entendait dire.
Il y a plus de 2000 ans, les fils sardes auraient pris soin d’emmener leurs parents vieillissants à l’écart avant de les battre à coups de bâtons. Puis ils les auraient jetés dans une fosse spécialement creusée à cet effet. Les vieillards, drogués pour l’occasion, éclataient alors d’un rire étrange et ambivalent... De cette histoire viendrait le fameux « rire sardonique », expression toujours utilisée aujourd’hui pour désigner une grimace amère.
Pourquoi tant de haine chez les Sardes ? Les vieillards, avec leurs corps accablés par le poids des ans, faisaient honte à leur famille. C’est en tout cas ce que rapporte Elien, un autre auteur grec de l’Antiquité, expliquant ainsi cette pratique qui lui faisait horreur.
Le traitement réservé aux personnes âgées à travers le monde a intéressé plus d’un auteur grec durant l’Antiquité. Eux qui se vantaient d’apporter un soin tout particulier à leurs aînés rapportaient, ébahis, des pratiques venues des confins du monde connu. Le géographe et historien Strabon décrivait ainsi comment, en Asie centrale, les vieux étaient jetés en pâture à des chiens dressés pour les tuer. Leurs ossements abandonnés jonchaient le sol, précise l’auteur dans son récit. Il raconte aussi comment les Caspiens, un autre peuple d’Asie centrale, laissaient leurs vieillards mourir de faim en les enfermant dans une pièce, offrant ensuite les corps aux animaux du désert.
Une question demeure, et non des moindres. Tout ceci est-il vraiment arrivé ? « Impossible de le savoir » répond, catégorique, Nadine Bernard, maîtresse de conférence en histoire grecque à l’université de Rouen. Car ce sont des récits souvent succins, et rapportés bien des années plus tard par des auteurs qui ne mentionnent pas leurs sources.
« Même aujourd’hui avec les outils de l’archéologie moderne, nous sommes biens incapable de déterminer si oui ou non ces exécutions avaient lieu. Nous pouvons dire s’il y a eu des morts violentes, des os rongés par les chiens, mais sans jamais connaître le contexte de ces décès» rapporte Nadine Bernard. Le flou sur ces exécutions ne sera donc pas levé. Une consolation, toutefois : ces récits en disent long sur les Grecs eux-mêmes.
« Ces histoires avaient une fonction. Il s’agissait à l’époque de justifier la supériorité grecque en appuyant les différences entre les "civilisés" et les "barbares", soit ceux qui vivaient en dehors de leurs frontières. Ces histoires de mises à mort des vieux, une pratique considérée comme aux frontières de l’humanité par les Grecs, venaient étayer cette démonstration d’une nécessaire "colonisation". Un peu comme au 21e siècle, quand les colons européens rapportaient des histoires de dangereux cannibales en Afrique. Il fallait souligner l’intérêt de la "mission civilisatrice" des colons. »
D’ailleurs, ces récits effarés sur la manière de tuer les vieux variaient en fonction des époques et des auteurs. Comme le montre le traité d’Agatharchide de Cnide, un géographe ayant vécu à Alexandrie au 2e siècle avant notre ère, à une époque où les Grecs avaient multiplié les contacts avec les peuples « barbares », dans une société ouverte et cosmopolite. Il décrit comment les nomades éthiopiens étranglaient les aînés avec une queue de bœuf, puisque ces derniers étaient incapables de suivre le rythme des troupeaux. « Son récit explique les raisons de cette mise à mort ; il souligne que c’est une réponse au mode de vie nomade. Il paraît alors moins extrême » détaille Nadine Bernard.
À l’inverse, Hérodote prend la plume au 5e siècle avant J.-C., à un moment où les Grecs connaissaient mal les « barbares ». Il décrit le cannibalisme des Massagètes, un peuple d’Asie centrale, qui immolaient puis faisaient bouillir les chairs de leurs vieux parents pour en faire leurs repas. Il raconte aussi comment les Indiens Padéens s’épargnaient cette étape en mangeant tout crus les morceaux de feu leurs aînés. L’auteur n’a pourtant jamais mis les pieds dans ces endroits.
« L’exposé d’Hérodote met en valeur l’essence barbare de ces mœurs renversantes, dans l’esprit de Grecs tout du moins, scandalisés à l’idée de manger leurs géniteurs morts — crus ou cuits » écrit Nadine Bernard dans son article Voyage en terres gérontocides : l’élimination des vieillards comme remède à la vieillesse ? publié dans les Cahiers des études anciennes.
Pour les Grecs, il s’agit là de pratiques à l’extrême opposé de leurs normes sociales. Il relève pour eux du devoir des enfants de s’occuper de leurs parents vieillissants. Ces exigences étaient même inscrites dans la loi, avec des punitions prévues pour les contrevenants. En témoigne une loi de Delphes, qui rappelle que « quiconque n’assure pas la subsistance de son père et de sa mère, dès lors qu’il aura été dénoncé devant le Conseil », sera dans un premier temps enchaîné et conduit en prison.
Pourtant, « cela ne veut pas dire que tous les Grecs étaient réellement en mesure de s’occuper des vieux ou qu’ils étaient disposés à le faire » détaille la chercheuse. Tous ne suivaient pas leurs règles sociales à la lettre. Ainsi, les sources anciennes rapportent des cas de vieillards grecs se plaignant du comportement de leurs enfants ingrats.
Comme celui de Ctésiclès, qui porte réclamation contre sa fille Nikè en 221 avant J.-C., : « après avoir élevé ma fille, l’avoir instruite, l’avoir menée par mes soins jusqu’à l’âge adulte » souligne t-il, elle ne lui procure « rien du nécessaire » alors qu’elle s’était engagée sous serment à lui. Autre impensé : les vieux esclaves grecs. Ces derniers, dans leur jeunesse, pouvaient prendre soin des vieillards dans les familles les plus aisés.
« Mais la question de leur propre vieillissement reste occultée chez les Grecs. Il n’y a que très peu d’écrit sur le sujet, et les rares témoignages font état de quelques cas individuels, célébrant ces familles de maîtres qui avaient la bonté de s’occuper de vieux esclaves. » Un exemple de plus qu’hier comme aujourd’hui, le grand âge n’en finit pas de poser question.
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Une chose est certaine, en-dehors des ouïes-dires de ces temps anciens qui ne ménageaient pas les ti-vieux, il est possible de croire que certains auraient vécu des drames particuliers. Ce n'est pas d'aujourd'hui que les jeunes générations détestent les plus vieilles. Juste à penser ce que la génération de nos jeunes pensent de la génération «babyboomers» pour se rendre compte que ça ne vaut pas cher la matière grise dans leurs têtes !
Aujourd'hui, nous voyons la bonne conscience en plaçant les personnes âgées dans des centres hospitaliers en soins de longue durée. Avec les coupures des derniers mandats du PLQ, ces vieux sont devenus de la marchandise à revenu mensuel avec de la nourriture qu'on ne donnerait même pas à un chien, et que l'état des soins personnels aux personnes âgées équivalent à la même senteur d'un puisard à couvert ouvert. C'est comme aussi pire de balancer les vieux en-haut d'une falaise.
Tout cas, je vais signer mon arrêt de mort avant de perdre la tête.
Dédé
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