Guy Fournier sur Michel Côté (Forum)

par Jéromec, mardi 30 mai 2023, 07:54 (il y a 766 jours) @ Jéromec


https://www.journaldemontreal.com/2023/05/29/michel-cote-et-ses-saucisses-au-bbq

Michel Côté et ses saucisses au BBQ!


GUY FOURNIER
Lundi, 29 mai 2023 19:30
MISE À JOUR Lundi, 29 mai 2023 19:30
Rien n’était plus difficile que d’avoir ce fabuleux acteur pour un rôle.

C’est que tous les auteurs, réalisateurs et metteurs en scène voulaient Michel Côté dans leur film, leur série ou leur pièce de théâtre. Depuis les premiers jours de Broue en 1979 jusqu’au jour de sa retraite en avril 2022, Michel fut rarement libre. C’est que cet acteur dépareillé pouvait tout faire et l’avoir, c’était la réussite assurée.


Il en avait du talent, cet homme. Il lui en fallait beaucoup pour passer du Pointu de Broue à Pierre Gauthier d’Omerta, à Jean-Lou de La petite vie, au commandant Laroche de De père en flic, à Nugget d’Equus au TNM et à tant d’autres rôles qui étaient à des années-lumière les uns des autres.

Je ne vous parlerai pas de Michel Côté qui fut le champion incontesté du cinéma québécois (ses films ont remporté environ 30 millions $ au guichet), ni de tous les prix Génie, Jutra et Gémeaux qui ornaient sa belle demeure de la rue Maplewood à Outremont, ni de son rang d’officier de l’Ordre du Canada. Depuis hier matin, des centaines d’hommes politiques, d’artistes et de personnalités en font l'éloge bien mérité et ils continueront de le faire dans les jours qui viennent. Aucun des éloges qu’on lui rend n’est surfait, ce qui est bien le plus bel éloge qu’on puisse lui faire.

UN CHOC POUR TOUT LE QUÉBEC

Ce que Michel n’a peut-être jamais soupçonné, c’est le choc et la peine qu’ont ressentis des millions de Québécois en apprenant son décès. On leur ravissait brutalement un proche, alors qu’on croyait qu’il amorçait une retraite dorée qu’il avait bien gagnée. Surtout qu’il s’était fait discret sur sa maladie. Il réservait ses derniers mois à sa femme et à sa famille tout en essayant tant bien que mal de mettre le couvercle sur sa soif de vivre.


Michel Côté, c’était pour moi une espèce de cousin éloigné, puisqu’il venait comme moi de la grande filiation de ceux qui sont conçus au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Ce lien invisible, indéfinissable, mais si réel, nous l’avons évoqué, Michel et moi, chaque fois que nous nous sommes croisés. Pas assez souvent à mon goût. Mais je ne faisais pas partie du premier cercle de ses amis ou de ceux de Véronique Le Flaguais, peut-être la femme la plus aimante que j’aie rencontrée.

UNE SOIRÉE À STOKE

Je me souviens d’une soirée mémorable en leur compagnie. À Stoke, une municipalité minuscule des Cantons de l’Est d’où, par jour clair, on peut admirer le mont Mégantic et, par nuit d’étoiles, les lumières de la ville de Sherbrooke.

Michel et Véronique avaient acquis là-bas une maison de campagne modeste qui a bien changé depuis. Ce soir-là, Michel avait endossé un tablier et s’était lancé dans la cuisine barbecue. Pour éloigner les maringouins et nous faire patienter, il avait monté un feu de camp qui n’avait pas empêché les moustiques de faire le plein du sang de Clémence DesRochers, de son amie Louise Colette, de Louise Deschâtelets et moi. Pendant que nous faisions le plein de vin, les saucisses sur lesquelles veillait distraitement Michel ont calciné. Elles n’eurent aucun rappel, mais nous avons bien ri avec le cuisinier.

On nommera bientôt une rue, une bibliothèque ou un théâtre en mémoire de Michel Côté, mais s’il avait pu, il aurait sûrement choisi vingt-cinq ans de vie de plus. Et il serait encore avec nous.


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