profit$ épicerie... (Forum)

par Jéromec, lundi 03 juillet 2023, 10:14 (il y a 603 jours) @ Dédé

est-ce que les épiceries vont en profiter pour ''booster'' les prix...?

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1962131/alimentation-inflation-facture-profits-rev...

Oui, les grandes épiceries font beaucoup d’argent
Une personne passe à la caisse d'un supermarché.
Les marchés d’alimentation soutiennent que leurs marges de profit n’ont pas augmenté ces derniers mois.


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Gérald Fillion (accéder à la page de l'auteur)
Gérald Fillion
Gérald Fillion
Publié le 11 mars 2023
Les dirigeants des grandes entreprises formant l’oligopole des épiceries au Canada ont témoigné devant les parlementaires à Ottawa, mercredi, en fin de journée. Ils ont tous défendu leurs pratiques, affirmant ne pas profiter du contexte inflationniste pour augmenter indûment leurs prix. À preuve, disent-ils, nos marges de profit n’ont pas augmenté. Cela mérite quand même quelques explications supplémentaires.

D’abord, on peut parler d’oligopole, puisque cinq grands groupes détiennent 80 % du marché de l’épicerie au Canada. Des parlementaires ont évoqué la possibilité d’une forme de collusion entre les grands groupes dans l’évolution des prix. Il n’y a aucune preuve en ce sens et les dirigeants ont rejeté totalement la possibilité d’une entente anticoncurrentielle entre les entreprises.

Les PDG martèlent que le marché est très concurrentiel et qu’ils doivent rivaliser de stratégies de toutes sortes pour attirer et retenir la clientèle. N’empêche, les Canadiens ont l’impression de se faire avoir par les épiciers ces jours-ci, alors que le taux d’inflation des aliments achetés en épicerie s’est établi à 11,4 % en janvier au pays, pratiquement le double du taux général.

Si les marges de profit n’augmentent pas, les épiceries ont tout de même de plus grandes capacités financières, qui leur permettent d’augmenter les salaires des hauts dirigeants et de mener différentes opérations financières.

Et, même si les marges sont stables, on constate que les actionnaires ont bénéficié du contexte actuel. Depuis que l’inflation dépasse la fourchette cible de la Banque du Canada, soit depuis avril 2021, l’action de Metro a bondi de 20 % et celle de Loblaw de 67 %.

De l’argent pour les actionnaires
Pour une entreprise comme Metro, le contexte économique est largement favorable. En 2022, le bénéfice net de Metro a grimpé de 2,9 %, le chiffre d’affaires a monté de 3,3 %, les dividendes par action ont progressé de 10,3 % et la dette a été réduite de 11,2 %. Superbe année!

Le bénéfice net dilué par action est passé de 3,14 $ en 2020 à 3,33 $ en 2021, puis à 3,51 $ en 2022.

L'enseigne d'une épicerie Metro.
La situation financière de Metro s'est améliorée ces dernières années.

Dans un communiqué publié le 18 novembre dernier, Metro écrivait qu’elle renouvelle son programme de rachat d’actions pour se doter d’une option supplémentaire pour utiliser ses liquidités excédentaires.

Metro pourra ainsi racheter entre le 25 novembre 2022 et le 24 novembre 2023 un maximum de 7 millions d’actions ordinaires, près de 3 % des actions en circulation.

Cette pratique est courante parmi les entreprises en bourse. Elle permet, généralement, d’améliorer le bénéfice par action et le rendement pour les actionnaires.

Hausse de rémunération pour le PDG
Ce résultat, jugé comme une bonne performance financière, peut conduire également à une hausse de la rémunération des dirigeants. La rémunération à risque est principalement liée aux résultats financiers de la Société, est-il inscrit dans la circulaire de sollicitation de Metro pour l’exercice 2022.

Or, 76 % de la rémunération du PDG Éric La Flèche est dite à risque. La rémunération totale du grand patron de Metro a atteint 5,36 millions de dollars en 2022, en hausse de 6,8 %.

Éric La Flèche est à la table des invités.
Le PDG de Metro, Éric La Flèche.

Par ailleurs, la situation financière de Metro permet à l’entreprise d’augmenter ses investissements dans ses installations et activités. Les investissements en immobilisations en 2022 ont totalisé plus de 620 millions de dollars, un niveau record, est-il écrit dans la circulaire de 2022 de Metro.

Malgré ce niveau record d’investissements, malgré les hausses de salaires et le programme de rachat d’actions, Metro a pu réduire sa dette de 2021 à 2022. Elle est passée de 2,637 milliards de dollars à 2,343 milliards de dollars, une baisse de 11 %.

Si les investissements montent, que Metro renouvelle son programme de rachat d’actions et que la dette baisse, c’est nécessairement parce que Metro génère du cash, vous ne croyez pas?

Des choix financiers
Metro, comme n’importe quelle autre société en bourse, cherche à valoriser l’avoir des actionnaires et à améliorer sa rentabilité. C’est ce qu’elle fait.

Elle profite également de sa situation financière favorable pour investir et pour réduire sa dette. Elle a choisi également de racheter des actions et d’augmenter son dividende, dont le versement total est passé de 240 millions de dollars en 2021 à 258 millions de dollars en 2022.

Si Metro n’est absolument pas responsable de la hausse des prix des denrées, des ressources et de l’énergie, elle est tout de même responsable des choix qu’elle fait. Metro injecte des millions de dollars pour racheter des actions, pour verser des dividendes, pour bonifier la rémunération de ses dirigeants et pour augmenter ses investissements.

C’est important de bien comprendre que les choix d’une entreprise comme Metro sont légitimes et sont faits dans l’intérêt des actionnaires. Mais c’est important aussi de ne pas réduire l’analyse de l’état des finances des épiceries à leur seule marge de bénéfice, comme on l’a fait cette semaine lors du témoignage des PDG devant les parlementaires à Ottawa.


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