«On joue avec le feu»: des infirmières de pédiatrie (Forum)

par Jéromec, mardi 04 juillet 2023, 09:55 (il y a 602 jours) @ Jéromec

Le niveau de responsabilité, de maturité et le sens du devoir de plusieurs élus pendant l'été notamment est abyssal...
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https://www.journaldemontreal.com/2023/07/03/on-joue-avec-le-feu--des-infirmieres-de-pe...

«On joue avec le feu»: des infirmières de pédiatrie craignent pour leur propre sécurité à Joliette
Des patients hospitalisés pour des troubles psychiatriques sont mélangés aux autres enfants
Hôpital de Joliette
Le Centre hospitalier régional de Lanaudière à Saint-Charles-Borromée. PHOTO MARTIN CHEVALIER
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HÉLOÏSE ARCHAMBAULT
Lundi, 3 juillet 2023 15:30

MISE À JOUR Lundi, 3 juillet 2023 15:30

Des mineurs hospitalisés à l’hôpital de Joliette pour des problèmes psychiatriques parfois graves sont présentement placés au sein de l’unité de pédiatrie, où se trouvent de jeunes enfants et des bébés malades. Stress, peur, sentiment d’incompétence: les infirmières n’en peuvent plus et craignent pour leur sécurité.

«C’est super dangereux», déplore une infirmière de pédiatrie sous le couvert de l’anonymat, par peur de représailles de son employeur.

«Ça n’a aucun bon sens, ce qui se passe, réagit Marie-Chantal Bédard, la présidente du syndicat local (FIQ) des infirmières dans Lanaudière. On a des employés en détresse psychologique, qui ont peur des patients.»

Écoutez l'entrevue avec Marie-Chantal Bédard, présidente du syndicat local des infirmières dans Lanaudière via QUB radio :


Pas de médecin

Voilà plusieurs mois que l’unité de pédopsychiatrie de l’hôpital Saint-Charles-Borromée (Joliette) est fermée, faute de médecin en poste. Ainsi, les enfants et les adolescents qui nécessitent des soins psychiatriques sont envoyés au département de pédiatrie en attendant un transfert à Montréal.

Ce délai peut prendre jusqu’à une semaine, selon les infirmières. Un à trois patients transitent par cette unité chaque semaine, selon le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Lanaudière.

Voici des exemples de situations troublantes rapportées par des infirmières:

Un enfant hospitalisé avait menacé ses parents avec une arme blanche.
Un enfant s’est sauvé de l’unité et s’est enfui dans l’hôpital.
Une patiente avait une lame de rasoir dans son téléphone cellulaire.
Un adolescent s’est lacéré le front après être monté sur le bord des fenêtres.
«Ça a tout pris pour qu’ils réussissent à lui faire des points de suture, il était super agité. Ils l’ont contentionné chimiquement et il a dormi jusqu’au lendemain après-midi», cite en exemple Mme Bédard.

«On ne sait pas quoi faire, à quel point on est en sécurité ou pas, confie une autre infirmière. Je me suis retrouvée avec un garçon grand et costaud pour prendre ses signes vitaux. Il avait été hospitalisé pour idées homicidaires... À quel point il peut avoir une bulle?»

«On joue avec le feu»

Les infirmières soulignent aussi que l’unité n’est pas adaptée pour ces patients, alors que le matériel médical (comme des seringues) est à la portée de main et que les portes ne sont pas barrées.

Hôpital de Joliette
Corridor de l'unité de pédiatrie de l'hôpital de Joliette. COURTOISIE
«On joue avec le feu. Un moment donné, on va se brûler», dit Mme Bédard.

Par ailleurs, le syndicat déplore que ces patients en pédopsychiatrie ne reçoivent pas l’aide à laquelle ils ont droit, et que les infirmières ne soient pas formées pour répondre à cette clientèle.

Des infirmières disent même que des enfants ne sont pris en charge par aucun médecin au dossier en attendant le transfert.

«Personne ne venait voir l’enfant, raconte une professionnelle. Je ne voulais pas perdre mon permis parce que je soignais un enfant qui n’avait pas de médecin.»

Le syndicat dit avoir fait toutes sortes de démarches auprès de la direction, du Protecteur du citoyen et de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec pour rectifier la situation, sans succès.

Hôpital de Joliette
Présidente du syndicat des infirmières de Lanaudière, Marie-Chantal Bédard . COURTOISIE Marie-Chantal Bédard COURTOISIE MARIE-CHANTAL BÉDARD
À ce sujet, la direction du CISSS n’avait aucun porte-parole pour répondre aux questions du Journal.

Du soutien en place

Par courriel, on a répondu que «le soutien est mis en place sur l’unité afin d’assurer la sécurité du patient admis et des autres patients sur l’étage».

«L’ensemble des expertises sont mises à profit afin de s’assurer que l’usager et sa famille reçoivent les services dont ils ont besoin», ajoute-t-on. Le CISSS n’a pas voulu confirmer si des épisodes de violence avaient eu lieu entre des patients et des employés.

Par ailleurs, le CISSS indique qu’une «équipe d’intervention rapide» a été mise en place récemment, pour mieux répondre aux problèmes de comportement. «Dès qu’un usager ayant ce profil est hospitalisé, dans l’heure qui suit, une mobilisation de tous les secteurs pouvant soutenir cet usager est déployée», écrit-on.

Une affirmation niée par le syndicat, qui rétorque qu’aucune équipe spécialisée n’est en poste.

À l’automne prochain, une formation spécialisée sera offerte aux infirmières, ajoute le CISSS. Une nouvelle unité de pédopsychiatrie est aussi présentement en construction à Repentigny.

SITUATIONS RAPPORTÉES PAR DES INFIRMIÈRES

Un enfant hospitalisé avait menacé ses parents avec une arme blanche.
Un enfant s’est sauvé de l’unité et s’est enfui dans l’hôpital.
Une patiente avait une lame de rasoir dans son téléphone cellulaire.
Un adolescent s’est lacéré le front après être monté sur le bord des fenêtres.
« Ça a tout pris pour qu’ils réussissent à lui faire des points de suture, il était super agité. Ils l’ont contentionné chimiquement et il a dormi jusqu’au lendemain après-midi », précise Marie-Chantal Bédard.
L’AIDE AUX JEUNES EN CRISE DOIT ÊTRE REVUE
Davantage de centres de crises pour enfants et adolescents doivent voir le jour afin de pallier la pénurie de pédopsychiatres qui frappe le Québec, croient les psychiatres québécois.

«On se retrouve à pallier le manque de ressources psychosociales en général. On se retrouve à l’urgence avec des situations de crises parce que les gens n’ont aucun autre endroit où aller», souligne Dre Annie Loiseau, pédopsychiatre et porte-parole de l’Association des médecins psychiatres du Québec.

«C’est vraiment un manque au Québec, des services de crises disponibles rapidement», dit-elle.

Pénurie de médecins

Actuellement, 54 des 241 postes disponibles en pédopsychiatrie sont vacants au Québec (22%). Dans Lanaudière, 5 des 11 postes de pédopsychiatres ne sont pas comblés, selon les données du ministère de la Santé et des Services sociaux.

En plus, la demande de services auprès des jeunes a augmenté depuis la pandémie.

Quant à la situation de Joliette, la Dre Loiseau souligne que plusieurs hôpitaux en régions éloignées doivent aussi gérer ces cas en pédiatrie, faute de département spécialisé.

Or, des équipes formées et spécialisées doivent être en poste pour assurer des soins sécuritaires.

«Il ne devrait pas y avoir de cas de patients sans médecin, ça n’a pas lieu d’être», assure-t-elle.

Lorsque des adolescents plus âgés (16-17 ans) font preuve de violence, il peut aussi être préférable de les placer dans l’unité de psychiatrie adulte.
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