Votre visage au service de la publicité CENTRE ACHAT$ (Forum)
Souriez vous êtes filmé, analysez et publicisé...!
Et évidemment il ne faut SURTOUT pas se fier à Lucky Don't Caire pour la sécurité de quoi que ce soit... c'est Bar Open à la Sauce KAQ...
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2006089/analyse-video-anonyme-technologie-publicite
Votre visage au service de la publicité dans les centres commerciaux canadiens
Des tableaux publicitaires numériques balaient les corridors au centre commercial Vaughan Mills, en banlieue de Toronto. Anodines à première vue, ces enseignes sont équipées d'une technologie qui permet d’observer certains traits du visage afin de déterminer la démographie de la clientèle.
Grâce à la technologie d’analyse vidéo anonyme (AVA), des capteurs intégrés aux tableaux numériques permettent d’estimer le nombre de gens qui fixent l’écran, la durée de leur regard, ainsi que leur sexe et leur âge approximatif.
Cette technologie a été conçue à des fins publicitaires. Elle permet de recueillir des données démographiques sur les consommateurs pour mieux comprendre les tendances générales de l’achalandage, explique Gabrielle Fontaine-Giroux, porte-parole de la société québécoise Ivanhoé Cambridge qui est propriétaire du centre commercial Vaughan Mills.
La situation n'est pas unique à Toronto : De façon générale, l’analyse vidéo anonyme est utilisée dans les centres commerciaux d’Ivanhoé Cambridge, précise Mme Fontaine-Giroux.
Ivanhoé Cambridge est un partenaire de Cineplex Digital Media, une division du groupe Cineplex qui se spécialise dans l’optimisation de la publicité par l’AVA. Plusieurs autres sociétés immobilières actionnaires d’établissements commerciaux sont également partenaires, selon son site web.
Un accélérateur
Tout ce que les technologies de l’intelligence artificielle permettent, c’est d’accélérer l’industrialisation de l’efficacité, explique le spécialiste en marketing Philippe Garneau.
Autrefois, la segmentation d'audience ou de clientèle était la somme de sondages démographiques et d’observation humaine de la clientèle effectuée par les équipes marketing de différents détaillants, explique M. Garneau.
Bref, l'AVA permet surtout d'accélérer la collecte de données, mais rien n'a changé depuis les années '80, selon lui.
Au centre commercial Vaughan Mills, à 15 h 30 un jeudi après-midi d'août, le résultat de cette segmentation prend la forme d’une publicité de Michael Kors, affichée à quelques pas du magasin du géant vestimentaire.
Une publicité de Michael Kors sur un panneau publicitaire numérique à Vaughan Mills.
Ouvrir en mode plein écran
Une publicité de Michael Kors sur un panneau publicitaire numérique au centre commercial Vaughan Mills.
PHOTO : RADIO-CANADA / CHARLEY DUTIL
L’utilisation des technologies d’AVA ne se limite pas seulement aux centres commerciaux. Combinant les facteurs environnementaux et les données recueillies par l’AVA, la jeune pousse canadienne Vertical City optimise les campagnes publicitaires de ses clients dans les ascenseurs équipés d'écrans connectés à ses logiciels.
En plus des traits démographiques, les capteurs de l'entreprise détectent aussi la présence de lunettes ou d’animaux de compagnie, par exemple, ce qui ajoute aux données recueillies.
Mais Philippe Garneau croit que l’efficacité de la technologie peut être limitée en raison de la constante répétition des mêmes publicités ciblées. L'ennemi, c'est l'ennui.
Imagine qu'on te montre seulement des choses qui sont liées à ton âge, à ton quartier […] le publicitaire doit décider à quel niveau il emploie cet outil, parce qu’il crée des corridors de publicités qui sont exclusives aux clients.
Une citation dePhilippe Garneau, spécialiste en marketing.
Quelle différence entre l’AVA et la reconnaissance faciale?
Aux États-Unis, un pas supplémentaire a été franchi : la publicité ciblée utilisant l’intelligence artificielle et la reconnaissance faciale prend son envol.
Chez Walgreens, une chaîne de pharmacies, les portes des réfrigérateurs sont maintenant dotées d'écrans numériques équipés de logiciels permettant la reconnaissance faciale de la clientèle. Une fois l’âge et le sexe du client déterminés, des publicités ciblant sa démographie s’affichent sur les portes des réfrigérateurs comme le montre la vidéo suivante, tournée en anglais.
Début du widget Youtube. Passer le widget ?Fin du widget Youtube. Retourner au début du widget ?
Il s'agit d'une différence importante avec la technologie utilisée au Canada : l’AVA ne permet pas de changer la publicité instantanément.
S'il s'agit d'une innovation indéniable dans le monde du marketing, la reconnaissance faciale s'attire aussi plusieurs critiques. Dans l’État de l’Illinois, Walgreens fait face à une poursuite alléguant que les données biométriques des clients auraient été enregistrées et stockées.
Les renseignements biométriques
Le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada décrit les renseignements biométriques, et en particulier les renseignements biométriques faciaux , comme étant particulièrement sensibles, car ils sont distinctifs, stables au fil du temps, difficiles à changer et en grande partie uniques à la personne. Il s’agit de caractéristiques mesurables uniques de notre corps qui sont la clé de notre identité.
L’AVA utilisée au Canada, analyse anonymement l’attention de la personne qui regarde le capteur. Elle n’identifie pas la personne et ne recueille pas d’informations qui permettent d’identifier la personne, affirme Kevin Gunderman, le directeur financier et responsable de la protection de la vie privée de Vertical City.
Même son de cloche chez Ivanhoé Cambridge, la porte-parole de la société affirme que l’AVA ne permet pas de reconnaître l’identité des clients et que les images ne sont pas conservées.
Consentement et reconnaissance faciale
Au Canada, l’emploi de la reconnaissance faciale dans le commerce de détail a fait les manchettes à quelques reprises.
Des personnes passent devant une affiche d’un logiciel de reconnaissance faciale.
Ouvrir en mode plein écran
Des personnes passent devant une affiche d’un logiciel de reconnaissance faciale.
En 2020, une enquête conjointe des Commissaires à la protection de la vie privée de l’Alberta, de la Colombie-Britannique et du Canada a dévoilé que la société Cadillac-Fairview avait utilisé la technologie de reconnaissance faciale à l’insu de ses clients et sans leur consentement dans 12 de ses centres commerciaux.
L’enquête a révélé que ces images avaient été recueillies par la caméra du fournisseur de services AVA de Cadillac-Fairview, qui avait employé un logiciel de reconnaissance faciale pour convertir ces images en une représentation biométrique numérique . Cinq millions d'images de clients ont été recueillies.
Les visiteurs n’avaient aucune raison de s’attendre à ce que leur image soit saisie par une caméra discrète ou qu’elle soit utilisée […] à des fins d’analyse, avait écrit le commissaire à la protection de la vie privée du Canada de l'époque, Daniel Therrien.
Une entreprise qui souhaiterait conserver des données biométriques obtenues par l’entremise de la reconnaissance faciale aurait à demander un consentement explicite aux individus concernés, indique le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada.
L’avocate torontoise, Carole Piovesan, explique qu’avec l’AVA et la reconnaissance faciale, les clients doivent être informés de l’emploi de la technologie et des fins de son utilisation.
L’essentiel est que les gens soient prévenus. L’avertissement doit être visible. Il y a une attente raisonnable quant à l’utilisation de ces données et qu'elles ne soient pas conservées, utilisées ou partagées avec un tiers parti.
Une citation deCarole Piovesan, avocate spécialisée dans la protection des données personnelles.
Mais au centre commercial Vaughan Mills, malgré la présence d’un autocollant en anglais apposé sur les tableaux numériques, la plupart des clients rencontrés par Radio-Canada n'avaient pas pris la peine de lire l'autocollant et ignoraient la présence de technologies permettant l’AVA.