6 employés sur 10 au bord du gouffre: (Forum)

par Jéromec, lundi 23 octobre 2023, 09:53 (il y a 405 jours) @ Blake


https://www.journaldequebec.com/2023/10/14/la-detresse-psychologique-explose-chez-le-pe...
6 employés sur 10 au bord du gouffre: la détresse psychologique explose dans nos écoles

57% des travailleurs du réseau en vivent, une proportion qui aurait presque triplé en 12 ans
Écoles : 57% des membres du personnel souffrent de détresse psychologique
Play Video
PARTAGE
Photo logo de la journaliste Daphnée Dion Viens du Journal de Québec, lundi le 11 Janvier 2016 à Québec. SIMON CLARK/JOURNAL DE QUEBEC/AGENCE QMI
DAPHNÉE DION-VIENS
Lundi, 23 octobre 2023 00:00

MISE À JOUR Lundi, 23 octobre 2023 00:00

La détresse psychologique fait de plus en plus de ravages parmi le personnel scolaire: 57% des employés des écoles primaires et secondaires en vivent, selon les résultats inédits d’une vaste enquête obtenus par Le Journal. Le niveau de détresse aurait presque triplé en 12 ans, selon un chercheur qui a collaboré à cette étude.

«La progression est énorme», lance Simon Viviers, professeur à l’Université Laval, qui a été, comme ses collègues, «extrêmement étonné» par ces résultats «très inquiétants».

Le niveau de détresse psychologique du personnel scolaire est même plus élevé que celui observé chez les infirmières pendant la pandémie, ajoute-t-il.

Enquête de l’INSPQ
Au printemps 2022, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a mené une enquête auprès de 22000 enseignants, professionnels, employés de soutien et directions d’école afin de mesurer leur niveau de détresse psychologique.

On leur a demandé à quelle fréquence, au cours du dernier mois, ils s’étaient sentis épuisés, déprimés, désespérés ou encore bons à rien.

Il s’agit d’une échelle de mesure reconnue qui permet de prédire des problèmes plus importants de santé mentale, explique M. Viviers.

Résultat: 42% des travailleurs du réseau présentent un niveau de détresse psychologique «élevé», alors que 15% d’entre eux affichent un niveau «très élevé» de mal-être, ce qui est «particulièrement inquiétant» selon ce chercheur.

Les résultats préliminaires de cette enquête, qui ont été présentés cet été dans le cadre d’un congrès scientifique, étaient jusqu’à maintenant passés sous le radar. Ils n’ont toutefois pas encore fait l’objet d’une publication par l’INSPQ.

La détresse psychologique frappe davantage les enseignants (62%), suivi des professionnels et des employés de soutien (voir plus bas).

Pour 95% des répondants, leur état de santé mentale est lié à leur emploi, soit «partiellement» (53%) ou «complètement» (41%).


Près de trois fois plus
En 2011, une autre enquête réalisée avec la même échelle de mesure avait déjà établi que les employés du réseau de l’éducation étaient les plus à risque de vivre de la détresse psychologique, devant ceux de la santé.

À cette époque, la proportion du personnel scolaire en détresse était beaucoup moins élevée, se situant plutôt à 21%, indique M. Viviers.

L’étude réalisée par l’INSPQ permet aussi de mettre le doigt sur des «risques psychosociaux» qui peuvent avoir un impact sur la santé mentale du personnel scolaire, comme la charge de travail élevée (71% des répondants), la faible reconnaissance au travail (56%) ou encore la faible latitude décisionnelle (46%).

Selon M. Viviers, la dégradation des conditions de travail causée par l’augmentation du nombre d’élèves en difficulté pourrait expliquer la hausse importante, au cours des dernières années.

«C’est là où le bât blesse», lance-t-il. L’ajout de services n’a pas été suffisant, et bien des enseignants ont l’impression qu’ils ne peuvent répondre aux besoins de tous leurs élèves.

Au fil des années, la pression pour faire réussir les élèves s’est aussi accentuée, ajoute le professeur de l’Université Laval.

«On ne leur donne pas nécessairement les moyens pour faire un travail de qualité et on leur demande plus», résume-t-il.

Plus récemment, la pénurie a aussi fait monter d’un cran la pression dans les rangs du personnel scolaire.

Simon Viviers tient toutefois à préciser que le niveau de détresse psychologique a aussi augmenté dans la population en général, depuis la crise sanitaire. «On ne peut pas non plus tout attribuer au milieu scolaire, comme s’il n’avait pas eu de pandémie», indique-t-il.


VASTE ENQUÊTE SUR LA SANTÉ MENTALE DU PERSONNEL DANS LES ÉCOLES PRIMAIRES ET SECONDAIRES
56,7% du personnel scolaire présente de la détresse psychologique

42,3% à un niveau élevé
14,4% à un niveau très élevé
La détresse psychologique par catégories d’emplois

62% des enseignants
55% des professionnels
52% des employés de soutien
50% des directions
Détresse psychologique en lien avec l’emploi

53% partiellement liée au travail
41% complètement liée au travail
5% pas du tout liée au travail
Source: enquête réalisée par l’Institut national de la santé publique du Québec (INSPQ) au printemps 2022 auprès de 21830 membres du personnel scolaire

«TEMPÊTE PARFAITE»: LA RÉFORME DU MINISTRE DRAINVILLE NE FERA QU’EMPIRER LA SITUATION, AFFIRME UN CHERCHEUR
La réforme scolaire du ministre Bernard Drainville, contenue dans le projet de loi 23, ne fera qu’accroître la détresse psychologique du personnel scolaire, en particulier des profs.

C’est du moins ce qu’affirme Simon Viviers, professeur à l’Université Laval, qui s’intéresse depuis des années aux enjeux de santé mentale chez les enseignants.

«Pour moi, c’est très très clair», affirme celui qui parle d’une «tempête parfaite» et d’un «désastre annoncé».

Le projet de loi 23 prévoit notamment la création d’un Institut d’excellence en éducation, un organisme qui permettra de «regrouper en un seul endroit les meilleures pratiques pédagogiques» afin «d’aider les enseignants à être encore plus performants», a déjà indiqué le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville.


Simon Viviers affirme au contraire que la création de cet institut ne fera «qu’augmenter la pression» sur les épaules des enseignants.

«Le message implicite qui leur est envoyé, c’est que vous n’arrivez pas à adapter vos pratiques et on va donc se permettre d’imposer certains types de formations qui ont fait leurs preuves», indique le chercheur.

Il s’agit d’un message «très néfaste» pour le personnel scolaire, sachant que la faible reconnaissance, le manque de latitude décisionnelle et les fortes demandes psychologiques sont des facteurs qui peuvent mener à l’épuisement, voire au décrochage professionnel, ajoute-t-il.

«On individualise un problème, alors que les enseignants et enseignantes œuvrent dans un contexte qui ne leur donne pas les moyens pour y arriver», déplore M. Viviers.

Le ministre Drainville devrait plutôt emprunter le chemin inverse: reconnaître l’expertise du personnel scolaire tout en améliorant «drastiquement» leurs conditions de travail, pour «empêcher les gens de partir», affirme ce chercheur.


Fil complet:

 Fil RSS du sujet

powered by my little forum