Le Ygreck à Dédé en entrevue (Forum)

par Jéromec, samedi 17 février 2024, 10:45 (il y a 288 jours)

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https://www.journaldequebec.com/2024/02/17/ygreck-souligne-25-ans-de-caricatures


Karine Gagnon

Samedi, 17 février 2024 00:00

MISE À JOUR Samedi, 17 février 2024 00:00

Voyez ci-dessus l'entrevue intégrale de Karine Gagnon avec Yannick Lemay, alias Ygreck, dans le cadre de l'émission Le Carnet de Karine, diffusé les mercredis à 20h30, sur les ondes de MAtv (chaîne 9 [Hélix et illico], 609HD [Illico]) dans la grande région de Québec.

Les caricaturistes de grands médias peuvent se compter sur les doigts d’une main au Québec. Yannick Lemay, alias Ygreck, a la chance de pratiquer depuis 25 ans ce métier, qui fait appel à la fois à son talent d’artiste et de fin observateur de la vie politique.

• À lire aussi: 25 ans au Journal: voici 10 caricatures qui ont marqué Ygreck

«Je suis l’un des derniers dinosaures, lance Yannick Lemay à propos de ce gagne-pain, qu’il perçoit comme un grand privilège. Déjà, dit-il, de gagner sa vie avec son art, c’est exceptionnel. D’avoir une tribune largement consultée [...] qui nous permet de faire des petites blagues et de tirer la pipe aux politiciens, c’est assez exceptionnel aussi.»
Photo Stevens LeBlanc

Bien sûr, on peut trouver sur les réseaux sociaux beaucoup de matériel critique en images. «Mais c’est souvent avec un certain mauvais goût, ou c’est un peu trop radical, observe-t-il. Donc je pense qu’il y a place à une critique humoristique ou d’humeur, mais qui ne cherche pas à dénigrer les autres.»

La caricature, aime-t-il à rappeler, c’est une chronique qui est 100% lue, parce que tout le monde la voit, qu’on ne peut y échapper.

Il s’agit également «d’une belle soupape pour l’opinion publique, analyse-t-il. Ça permet de dédramatiser les choses. On amène un petit côté rigolo dans des situations qui sont souvent malheureusement très sérieuses».

Écoutez l'entrevue avec Yannick Lemay, alias Ygreck, caricaturiste du Journal de Montréal au micro d’Alexandre Dubé via QUB radio :

Rencontre déterminante

Yannick Lemay se décrit comme «un petit gars de Limoilou» qui, de l’âge de 8 à 15 ans, a habité la campagne, à Sainte-Croix de Lotbinière. «La campagne m’attire beaucoup encore.»

D’aussi loin qu’il se souvienne, il a toujours dessiné. Et la visite d’un grand-oncle habitant les États-Unis, et qui travaillait pour les studios Disney, a représenté un tournant. «Il dessinait, ça m’avait fasciné, et à partir de ce moment-là, j’ai toujours voulu dessiner».
Photo Stevens LeBlanc

Dès le primaire, il a réalisé une bande dessinée de 30 pages. Au secondaire, il étudiait au Séminaire des Pères Maristes, et sa propension pour les dessins irrévérencieux passait plutôt mal. Plusieurs ont été confisqués.

Au cégep, Yannick a étudié les arts plastiques avec l’intention d’intégrer un programme de graphisme ensuite, projet qui ne s’est pas réalisé.
Mannequin à ses heures

Puis il s’est tourné vers les bars et restaurants. Il était barman à l’Aviatic et dans des bars de Grande Allée. Le soir, il faisait du mannequinat, après une rencontre avec un photographe de mode qui avait remarqué son potentiel.

Il a aussi participé à des tournages comme figurant, dont trois films de Robert Lepage et dans le premier épisode de Lance et compte.

Rattaché à une importante agence, Yannick s’est établi à Toronto durant un an ou deux. On a pu le voir dans plusieurs catalogues et campagnes de Sports Experts, Simons, où il était aussi essayiste.

Avec l’agence Carmelli, il a participé à de nombreux défilés de mode dans des centres commerciaux où les grands couturiers québécois étaient présents. Il se souvient aussi, sourire en coin, d’avoir participé à plusieurs «défilés de bobettes au Beaugarte».

À un moment, il a même tenté une incursion en Grèce, considérée comme la porte d’entrée pour l’Europe dans ce domaine. Après quelques semaines, il a cependant réalisé que ce n’était pas pour lui et qu’il n’en ferait pas une carrière.
Croquiste judiciaire

Puis, devenu père d’un garçon à 26 ans, il a vite compris que le travail de nuit devenait compliqué. En même temps, son envie de dessiner demeurait très vivante. Derrière le bar, chaque bout de papier ou de napperon était l’occasion de l’exprimer.

Ayant toujours eu de l’admiration pour les croquistes judiciaires qui dessinaient des portraits dans les palais de justice, il décide de tenter sa chance. Il obtient l’autorisation des autorités, et dès sa première visite, le journaliste Jacques Teasdale, de TVA, le remarque et achète son dessin.

Il fait ce métier pendant deux ans à temps plein, et se promène dans plusieurs palais de justice à travers le Québec.

Au cours de ces années, il couvre le procès Scorpion, le démantèlement du bunker des Hells Angels, le scandale de la prostitution juvénile à Québec, la comparution de Mom Boucher à Montréal et celle de la meurtrière Karla Homolka. Il a ainsi réalisé autour de 4000 dessins.

Puis entre deux séances, il se met à réaliser des caricatures pour le plaisir, lui qui s’intéresse beaucoup à la politique.
Personnages fétiches

C’est ce qui l’amène à présenter son travail au Journal de Québec, où il est caricaturiste depuis 25 ans, et depuis 10 ans au Journal de Montréal également.

Au fil des ans, des personnages fétiches sont revenus régulièrement sur la table à dessin de Yannick: la mairesse Andrée Boucher et le maire Régis Labeaume, personnalités très colorées, en font partie. Il a même publié un album avec les caricatures de M. Labeaume, «un excellent public». Petite anecdote: c’est aussi ce dernier qui a agi comme célébrant à son mariage.
Caricature d'Ygreck

Au fédéral, Justin Trudeau représente l’une de ses «victimes» préférées, comme il les appelle. «Même si ce n’est pas méchant, reste que ça peut être un peu vexant parfois», dit-il.
Caricature d'Ygreck

La plupart entendent cependant à rire, au point que Yannick reçoit fréquemment des demandes de politiciens qui souhaitent obtenir les dessins originaux.

La manière de travailler a par ailleurs beaucoup évolué. Ainsi, il ne dessine plus sur du papier. Tout est maintenant numérisé.

Il a beau se qualifier de dinosaure, Yannick Lemay est persuadé que le métier de caricaturiste va survivre. «Il va toujours y avoir ce besoin du petit cliché visuel qui amène cette petite réflexion», soutient-il, ajoutant que l’intelligence artificielle ne pourra jamais remplacer la sensibilité d’un artiste.

Avis aux curieux, Yannick publie, sur le site internet du Journal, des vidéos où on peut voir le processus de création menant aux caricatures qui seront publiées.

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