la plus grande fan du Canadien... à 96 ans (Forum)
même si les performances du CH sont aléatoires, ça meuble bien des soirées notamment pour les perso j'écoute tous les matchs à la radio, incluant le Rocket quand c'est possible, ça me passionne énormément et source d'apprentissage d'une communication efficace et droit au but. ca mets de la jolie joie dans l'hivers.
J'imagine mal Montréal sans la Sainte-Flanelle
https://www.journaldequebec.com/2023/11/11/on-a-passe-une-soiree-avec-tante-alice-la-pl...
la plus grande fan du Canadien... à 96 ans
Quebec
JESSICA LAPINSKI
Dimanche, 12 novembre 2023 00:00
MISE À JOUR Dimanche, 12 novembre 2023 00:00
«Quand le Canadien a perdu en prolongation, j’en ai entendu qui disaient qu’ils feraient les séries s’ils jouaient comme ça toute l’année. Mais voyons, c’est impossible. Avec tous les jeunes, il faut être patient! Le trophée, c'est dans quelques années.»
Cette réplique, elle ne vient pas de la bouche d’un panéliste d’une émission de fin de soirée, d’un chroniqueur ou de Martin St-Louis.
Non, celle qui la prononce, c’est «tante Alice», qui, à 96 ans, est peut-être la plus grande fan du Canadien.
Celle qui regarde le plus de hockey
«Je dois être la personne au Québec qui regarde le plus de hockey. J’ai juste ça à faire!» lance en riant la sympathique dame.
On est allé à sa rencontre mardi dernier, dans sa coquette maison de Thetford Mines où elle réside seule, solide sur ses jambes, même si son centenaire approche.
Cette idée, c’était celle de ses nièces, Raymonde et Lucette, qui ont été ébahies quand elles ont appris comment leur tante Alice meublait ses soirées d’hiver, elle qui ne rate presque jamais un match du Canadien.
«Sauf quand j’ai de la visite, je ne veux quand même pas être bête!» précise toutefois Alice Labonté.
À notre arrivée, une heure avant la partie face au Lightning de Tampa Bay, Mme Labonté est en grande discussion avec sa fille Jocelyne.
Gallagher rassure, Slafkovsky à Laval
À l’ordre du jour, il y a les performances de Brendan Gallagher. Comme bien d’autres «analystes», «tante Alice» est rassurée par le jeu du tenace attaquant.
Mais une inquiétude demeure: «S’il fallait qu’il se blesse encore...» appréhende-t-elle.
Elle est aussi bien peu impressionnée par les performances de Juraj Slafkovsky, même si le premier choix a finalement marqué, quelques jours auparavant.
«Je le voyais parler de son but, comme si c’était normal. Mais ça faisait longtemps qu’il n’avait pas marqué.»
«Moi, je crois qu’il devrait aller à Laval.»
À 96 ans, Alice Labonté ne manque pas beaucoup de matchs du Canadien, elle qui les écoute dans sa maison de Thetford Mines, où elle réside seule. PHOTO JESSICA LAPINSKI
Elle s’ennuie de son Artturi
On s’installe à table, où Alice Labonté dépose une assiette garnie de fruits, de légumes et de pâté. Dans un coin de la cuisine trône une cuisinière, qui s’y est installé la même année que sa propriétaire, en 1951.
Un mastodonte en fonte, tout à l’opposé du petit écran installé sur le comptoir, sur lequel «tante Alice» peut écouter ses émissions d’avant-match pendant qu’elle prépare le souper, avant de passer au salon pour écouter le match sur l’écran plat que lui ont offert ses enfants pour ses 80 ans... en 2007.
Sa maison est nickel, à faire rougir d’envie M. Net.
Elle n’a jamais voulu la quitter, même quand son mari est décédé, il y a 17 ans. C’est elle qui s’en occupe, à l’exception de quelques tâches plus physiques qu’elle délègue à l’un de ses fils.
Pour passer le temps, Alice cuisine, notamment de délicieux biscuits au «beurre de pinotte» auxquels on a aussi eu le privilège de goûter. Elle s’occupe de ses fleurs. Elle colore.
Et plusieurs soirs par semaine, il y a le hockey. Pas que celui du Canadien: Mme Labonté peut aussi regarder un match des Kings, pour prendre des nouvelles de Phillip Danault.
Le jour de notre visite, elle se demandait si la rencontre de l’Avalanche serait diffusée après celle du CH. Alice s’ennuyait de «son» Artturi Lehkonen.
Rogatien Vachon et sa prémonition
«Tante Alice» n’a jamais mis les pieds au Forum ni au Centre Bell.
Mais entre le Canadien et elle, l’histoire d’amour remonte à plusieurs décennies. Même si elle a été mise sur pause pendant quelques années, à l’arrivée des Nordiques, plus proches géographiquement de Thetford Mines que Montréal.
Le beau-frère de Mme Labonté les invitait le samedi à regarder le CH sur son téléviseur, à l’époque où ces appareils étaient encore une rareté. Toute la famille s’y rendait en autobus... jusqu’au jour où Alice et son mari sont eux-mêmes devenus propriétaires d’une télé.
Ils ont d’ailleurs été parmi les premiers à posséder un téléviseur couleur à Thetford Mines, se souvient Alice.
Un objet qui leur a permis d’accueillir chez elle, le samedi soir, des joueurs comme Réjean Houle, Gilbert Perreault, Marc Tardif ou Rogatien Vachon.
Pendant leurs années juniors à Thetford Mines, ils venaient regarder le Canadien avec l’un des fils de Mme Labonté, lui aussi un hockeyeur, avant de sortir en ville.
«Une fois, on regardait le Canadien et j’ai dit à Rogatien: “tu t’imagines si c’était toi, le gardien, un jour?” Il ne semblait pas y croire», raconte-t-elle.
Mais la suite allait donner raison à «tante Alice»!
P.K. et K.K.
Celui qui a toutefois cimenté le plus la relation entre Alice Labonté et le Canadien, c’est P.K. Subban.
Son P.K. Celui pour qui elle a craqué pour la même raison que la majorité des fans du défenseur: son charisme et son jeu aussi flamboyant que son style, nous raconte-t-elle alors que le match de mardi dernier contre le Lightning s’apprête à commencer.
Elle s’est aussi entichée d’autres joueurs au fil des dernières années, dont Jesperi Kotkaniemi («tante Alice» semble avoir un faible pour les mal-aimés de l’organisation...)
«Je le trouvais tellement courageux, ce petit gars-là, de partir de la Finlande pour venir s’installer ici, avec sa mère!» explique-t-elle.
Depuis le départ de «KK», «tante Alice» nous explique être devenue une grande fan de Cole Caufield et de Nick Suzuki. Même «ils sont trop faciles à aimer», souligne-t-elle.
«Cole, avec son grand sourire... le Canadien est chanceux d'avoir des jeunes comme eux», dit-elle aussi.
Harvey-Pinard ou Xhekaj?
Ça pourrait également être Rafaël Harvey-Pinard, mais Mme Labonté hésite encore.
La mise au jeu est sur le point d’être effectuée quand Jon Cooper, l’entraîneur-chef du Lightning, apparaît à l’écran. Alice s’exclame: «Ça fait des années qu’on le voit, mais il ne vieillit pas! Il a toujours la peau lisse, lisse, lisse.»
Elle se dit aussi surprise qu’Arber Xhekaj – «celui qui a un nom impossible à dire» – soit un solide bagarreur. Elle avait été conquise, quelques jours plus tôt, quand elle l’avait vu dans son téléviseur, vêtu d’un complet noir et rouge.
«C’est peut-être lui, finalement, mon prochain préféré», avance «tante Alice».
«Tante Alice», l’entraîneuse-chef
Quand elle regarde le Canadien, «tante Alice» s’installe dans sa chaise berçante. Elle ferme les lumières du salon, règle le son de son téléviseur à 11.
Pendant les pauses et les entractes, pour se dégourdir les jambes et rester éveillée, elle se lève parfois pour faire le tour de son salon.
Sur une petite table traînent un calepin et un crayon. «Kent Hughes», «Martin St-Louis», «Vincent Lecavalier»: elle y note les noms du personnel et des joueurs.
«Tante Alice» se prend des notes, afin de se souvenir notamment des numéros des joueurs. PHOTO JESSICA LAPINSKI
Car elle n’a ni cellulaire ni internet. Impossible, donc, de consulter HockeyDB afin d’y trouver une information.
«Si je manque un moment du match, je dois attendre le lendemain matin afin de le revoir», pointe-t-elle.
Car non, la dame ne se contente pas d’écouter les émissions d’avant-match des différents réseaux – avec ses «parleux», comme elle surnomme les panélistes –, puis la partie.
Il y a quelques années, Mme Labonté avait visité des proches à Dallas et elle avait pu rencontrer Philippe Boucher, qui jouait à la ligne bleue des Stars à l’époque. PHOTO JESSICA LAPINSKI
Elle regarde aussi parfois celles qui suivent les rencontres, ainsi que les nouvelles sportives.
«Bon, ça commence!» lâche-t-elle quand Jake Allen cède pour une deuxième fois en sept minutes.
«Des fois, je leur donne des conseils», explique également «tante Alice».
«Je vous dis que si j’étais là avec eux...» prévient-elle ensuite, ce qui laisse croire qu’avec Alice Labonté comme entraîneuse-chef, les joueurs auraient intérêt à jouer pendant 60 minutes.
Surtout Josh Anderson, qu’elle a hâte de voir se réveiller.
C’est là aussi qu’elle en profite pour rabrouer Michel Bergeron, qui avait affirmé quelques jours plus tôt que le Canadien pourrait être des séries s’il jouait chaque soir comme il l’avait fait contre Vegas.
«Lui là, quand je l’ai entendu dire ça, je n’en revenais pas!» lance Mme Labonté, qui a d’ailleurs regardé ce fameux match perdu en prolongation jusqu’à la toute fin... vers 1h du matin.
Un ami durant l’hiver
Mais «tante Alice» n’est pas toujours aussi dure envers ses «p’tits gars» du Canadien.
Et ce même si elle a été témoin de 22 des 24 coupes Stanley de l’équipe, d’une gloire qui semble de plus en plus loin au fil que les années nous éloignent de 1993.
Comme Kent Hughes, elle prône «la patience», répète-t-elle.
Lorsque le CH resserre la marque en troisième grâce aux buts rapides de Nick Suzuki et de Michael Pezzetta – qu’elle trouve plutôt comique avec ses grands yeux –, «tante Alice» s’exclame deux fois avec bonheur: «Ils sont tellement contents quand ils scorent!»
La sympathique «tante Alice» représente tout ce qu’on évoque quand on dit que le Canadien, c’est plus que du hockey.
Avant notre rencontre, elle nous disait au bout de fil que ces soirées passées à le regarder sont sans doute l’une des raisons qui lui permettent encore d’habiter seule dans sa maison, à 96 ans.
Qu’il gagne ou perde, le Canadien, c’est un ami qui l’accompagne durant les froides soirées d’hiver.
Fil complet:
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