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Le gouvernement alimente une «hystérie» en lien avec l’éclipse du 8 avril, dénoncent des scientifiques

ean-Philippe Guilbault

Lundi, 25 mars 2024 00:00

MISE À JOUR Lundi, 25 mars 2024 15:22

Dans une lettre ouverte envoyée au Journal, des scientifiques dénoncent une «hystérie» relative à l’éclipse solaire du 8 avril prochain, alimentée par des communications «alarmantes» de la part du gouvernement.

«La gestion de cet événement par les autorités semble osciller entre retard et prudence excessive, compromettant l’occasion en or d’en faire une véritable fête de la science et de l’apprentissage pour plusieurs Québécoises et Québécois», dénoncent conjointement dans cette lettre l’astronome Pierre Chastenay et la directrice générale de l’Association pour l’enseignement de la science et de la technologie au Québec, Camille Turcotte.

Les deux affirment pourtant être en contact depuis «plus de deux ans» avec Québec pour sensibiliser les ministères de la Santé et de l’Éducation à bien préparer la population à cet événement.

«On n’a pas été pris au sérieux. On a eu de la difficulté à faire comprendre que c’est un événement important», se désole Mme Turcotte en entrevue avec Le Journal. «Je sens que tout notre travail a été saboté.»
La directrice générale de l'Association pour l'enseignement de la science et de la technologie au Québec, Camille Turcotte Photo Agence QMI, JOEL LEMAY

Il avait notamment été suggéré que le ministère de l’Éducation fasse l’acquisition et la distribution de lunettes de protection pour les centres de services scolaires ou de décaler l’horaire des cours pour que l’éclipse soit visible lors d’une période de classe.
Des décisions d’avocats

Les deux signataires déplorent que des centres de services scolaires aient plutôt décidé de décréter des journées pédagogiques et de fermer les écoles.

«Ce sont des décisions prises par des avocats plutôt que par des pédagogues!» dénonce pour sa part Pierre Chastenay qui est également professeur titulaire au département de didactique de l’UQÀM. «On dévie complètement la conversation vers une hystérie qui n’a pas sa raison d’être.»

M. Chastenay fait valoir qu’une prochaine éclipse de la sorte ne sera visible dans le sud du Québec que dans 200 ans.

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«On ne veut pas minimiser le danger, mais on considère que les Québécois sont des gens intelligents. [...] On a beaucoup de mal à comprendre la réaction exagérée des autorités publiques. Ces messages-là passent à côté de la cible», ajoute l’astronome.

Ce dernier rappelle qu’en plus du Soleil qui sera voilé par la Lune, d’autres éléments intéressants liés à l’éclipse peuvent être observés de façon sécuritaire. La température chute subitement d’une dizaine de degrés, Jupiter et Vénus seront visibles dans le ciel et le comportement des animaux change en raison de l’obscurité ambiante.

«C’est une occasion exceptionnelle de parler de culture scientifique et de peut-être même d’éveiller des vocations», souligne Camille Turcotte.

Elle avance également que, lors de l’éclipse visible des États-Unis en 2017, sur les quelque 200 millions d’observateurs, il n’y a eu qu’une centaine de cas de lésions oculaires réversibles.