«Apocalypse Now» sur la rue Sainte-Catherine (Forum)
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«Apocalypse Now» sur la rue Sainte-Catherine
À trois semaines du Grand Prix F1 de Montréal, la rue Sainte-Catherine emprunte des allures de fin du monde.
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Martin Jolicoeur
Martin Jolicoeur
Samedi, 18 mai 2024 00:00
MISE À JOUR Samedi, 18 mai 2024 10:33
À trois semaines du retour du Grand Prix F1 de Montréal, la rue Sainte-Catherine Ouest, en travaux majeurs, emprunte des allures de fin du monde qui inquiètent ses commerçants autant qu’elles irritent la clientèle.
«Pour vous dire franchement, c’est très difficile. Ce l’est pour tout le monde», confie Adama Mané, gérant de la chic boutique de vêtements Lacoste, au centre-ville de Montréal.
«L’achalandage a chuté, nous avons dû réduire la taille de nos équipes en semaine, et alors que des hordes de touristes s’apprêtent à débarquer pour le Grand Prix [une période normalement faste], on n’en espère presque rien cette année.»
Adama Mané, gérant de la boutique Lacoste, rue Sainte-Catherine Ouest, à Montréal. Photo Martin Jolicoeur
La situation de ce détaillant est en tout point semblable à celle de ses voisins d’infortune, commerçants, restaurateurs, ou gestionnaire de salles de cinéma, résignés devant la poursuite des travaux rue Sainte-Catherine, entamés il y a déjà six ans.
Sur près de 300 mètres, entre les rues Mansfield et Stanley, les Simons, Moores, Garage, Tristan, Canada Goose, Aritzia, Cineplex et les autres subissent depuis l’automne dernier la poursuite du grand projet de transformation visant à rendre l’emblématique artère commerciale plus conviviale pour ses visiteurs (élargissement des trottoirs, ajout de mobilier, réduction du stationnement, etc.).
Ne jamais revenir
En attendant, du moins sur ce tronçon, la Sainte-Catherine est complètement bloquée à la circulation et s’apparente depuis des semaines à une énorme zone sinistrée, éventrée sur plusieurs mètres de profondeur, afin de permettre la refonte des systèmes souterrains de canalisation, d’irrigation et d’alimentation de toutes sortes (électricité, gaz naturel, fibre optique, etc.).
La rue Sainte-Catherine, en travaux, entre les rues Mansfield et Stanley, au centre-ville de Montréal. Photo Martin Jolicoeur
«Je n’ai pas le droit de vous parler, mais disons que c’est absolument l’enfer», nous confirme, excédée, la responsable d’une boutique de vêtements pour femmes bien en vue du secteur. De mois en mois, remarque-t-elle, l’achalandage de sa boutique diminue, ce qui n’est pas sans conséquence sur le chiffre d’affaires.
Écoutez la rencontre politique entre Elsie Lefebvre et Benoît Dutrizac via QUB :
«J’ai l’impression que les clients se font prendre une fois, et que par la suite, ils font tout pour ne plus revenir. C’est dommage, mais je les comprends. Même pour nous, qui y travaillons et connaissons le secteur comme le fond de notre poche, c’est devenu compliqué de trouver notre chemin.»
Des cratères sous les camions
Malgré les améliorations apportées dans la gestion du chantier, le directeur général de Montréal Centre-ville, Glenn Castanheira, reconnaît que le parcours proposé à la clientèle, encadré pour leur sécurité par des centaines de mètres de couloirs grillagés, n’est pas idéal.
La rue Sainte-Catherine, en travaux, entre les rues Mansfield et Stanley, au centre-ville de Montréal. Photo Martin Jolicoeur
«Cela dit, il vient un temps où après des décennies de laisser-aller, on ne peut plus remettre à plus tard. Et malgré tous nos efforts, un chantier demeure un chantier», dit-il.
«Mais il reste qu’entre des coupures imprévues de services (eau, électricité, gaz naturel, etc.) à répétition, provoquées par des bris de canalisation ou des portions de rue qui cèdent sous le poids de camions -comme c’est arrivé- je crois que tout le monde préfère les fermetures que l’on peut planifier comme c'est le cas actuellement».
Des chantiers déserts
Vice-président de l’agence immobilière CBRE, Christopher Rundle, comprend cette nécessité de refaire les travaux et la complexité de l’exécution d’une telle opération dans un secteur de la ville qui ne dort jamais. Mais la lenteur d’exécution de ces travaux, qui doivent s’étirer jusqu’à au moins 2030, l’exaspère.
La rue Sainte-Catherine, en travaux, entre les rues Mansfield et Stanley, au centre-ville de Montréal. Photo Martin Jolicoeur
«La ville creuse d’immenses trous, bloque des rues et les laisse ainsi en plan pendant des semaines sans que rien ne se passe. Et lorsque les travaux commencent, on ne retrouve plus un seul ouvrier sur place après 15h», déplore-t-il.
Il en irait de même les soirs et les fins de semaine. «Ne cherchez pas, rage-t-il. Malgré l’importance de cette rue pour Montréal, les chantiers sont déserts la plupart du temps. Un problème incompréhensible qui fait mal à tout le monde, en particulier au retour de la saison touristique.»[/b]
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