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Rapport de la covid-19 aux États-Unis (Forum)

par Blake, mercredi 11 décembre 2024, 22:55 (il y a 10 jours) @ Dédé

Le débunkage du faux rapport.

La diffusion du rapport d’une sous-commission spéciale du Congrès américain (Nouvelle fenêtre) sur différents aspects de la pandémie suscite de vives réactions sur les réseaux sociaux et dans les médias.

Certains y trouvent la confirmation que les vaccins étaient néfastes, alors qu’il ne dit rien de cela. D’autres en déduisent que le SRAS-CoV-2 aurait été créé en laboratoire, bien que le rapport n’apporte aucune preuve nouvelle en ce sens.

Le rapport de la sous-commission conclut notamment que le virus causant la COVID-19 a très probablement émergé d'un laboratoire à Wuhan, en Chine. Il allègue aussi que le directeur de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses des États-Unis de l’époque, le Dr Anthony Fauci, aurait tenté de cacher ces informations.

Il critique également plusieurs des mesures d’institutions américaines lors de la pandémie : les dépenses gouvernementales ainsi que les conséquences sociales et économiques des confinements – notamment en ce qui concerne les fermetures d’écoles – sont parmi les thèmes récurrents.


Les républicains étaient majoritaires au sein de cette sous-commission et la dirigeaient. Le rapport de 520 pages a été rédigé sous la direction du républicain Brad Wenstrup, président de la sous-commission.

Cependant, les membres démocrates de cette sous-commission rejettent certaines des conclusions du rapport (Nouvelle fenêtre) et estiment que l’exercice n’a pas su apporter un éclairage significatif sur les questions qu'il souhaitait aborder.

Cette nuance est omise de plusieurs des discours qui circulent au sujet du rapport, souvent présenté comme étant bipartisan. Or, les membres démocrates de la sous-commission ont publié leur propre rapport de 57 pages le 2 décembre (Nouvelle fenêtre), qui critique le travail de leurs collègues républicains.

Dans leur rapport, les démocrates accusent les républicains d’avoir abandonné l’objectif initial de l’exercice, soit de prévenir et de se préparer aux futures pandémies. Selon eux, les membres républicains ont plutôt voulu faire avancer leur programme politique, qui a peu contribué au travail essentiel visant à anticiper les futures crises de santé publique et à sauver des vies à l'avenir.

Avec ces sous-commissions, on est dans le travail parlementaire classique, soit celui du contrôle de l'action gouvernementale, explique Julien Tourreille, chercheur à l'Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand.

Les sous-commissions sont dirigées par le parti qui est majoritaire au Congrès, donc en ce moment, c’est le Parti républicain qui a la possibilité de définir leur agenda.

Une citation deJulien Tourreille, chercheur à l'Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand
Le parti majoritaire peut donner l'impulsion sur les sujets qu'on va traiter et sur les personnes que l'on va inviter. Et dans la rédaction du rapport, ce sont eux qui tiennent le stylo et qui peuvent l'orienter. Parce que oui, ces comités-là, parfois, peuvent être utilisés à des fins partisanes pour essayer d'appuyer un discours que tient le parti, ajoute-t-il. Le fait que ce soit politisé, qu’il y ait un angle, ce n’est pas surprenant.

Que nous apprend le rapport sur les origines du virus?
Le rapport allègue que le SRAS-CoV-2 est probablement apparu en raison d'un accident lié à un laboratoire ou à la recherche.

Il cite notamment des propos tenus par le directeur des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies de 2018 à 2021, Robert Redfield, et le directeur du renseignement national de 2020 à 2021, John Ratcliffe. Tous deux sont des partisans de longue date de la thèse de la fuite du laboratoire. Ce dernier a d’ailleurs été désigné comme le prochain directeur de la CIA par le président élu, Donald Trump.

Des rapports d’agences américaines à cet effet, dont ceux du FBI et du département de l’Énergie, sont aussi évoqués.

L’idée que le virus s’est échappé de l’Institut de virologie de Wuhan n’est pas nouvelle. Elle a déjà fait l’objet de nombreux reportages et d’enquêtes approfondies, notamment par l’émission Découverte.

Un article journalistique dans la revue Science (Nouvelle fenêtre) indique toutefois que le rapport n’offre aucune nouvelle preuve directe d’une fuite de laboratoire, mais résume un cas circonstanciel. Il s’appuie sur plusieurs témoignages qui ont été entendus lors des auditions de la sous-commission du Congrès, et non sur de nouvelles révélations.

Il n’en demeure pas moins qu’à l’heure actuelle, il n’existe aucun consensus scientifique sur les origines du virus et le rapport ne permet pas d’arriver à des conclusions définitives.

C’est aussi ce que soutiennent les démocrates de la sous-commission dans leur rapport, qui soulignent que nous ne parviendrons peut-être jamais à aller au fond de l'histoire sans une plus grande transparence de la Chine. Aujourd'hui, une origine zoonotique et un accident de laboratoire sont tous deux plausibles, tout comme un scénario ''hybride'' reflétant un mélange des deux, peut-on y lire.

L’origine du virus continue d’être étudiée par de nombreux scientifiques et de nouvelles informations émergent parfois. Par exemple, une analyse (Nouvelle fenêtre) présentée la semaine dernière lors d'une conférence de virologie au Japon a révélé que certains animaux du marché de fruits de mer à Wuhan ont montré des réponses immunitaires semblables à celles que provoquerait une infection de SRAS-CoV-2 en début de pandémie.

Que dit le rapport sur le Dr Fauci?
Le rapport de la sous-commission aborde également L’origine proximale du SRAS-CoV-2, un influent papier (Nouvelle fenêtre) écrit par de nombreux virologues en début de pandémie. Ils soutenaient que le SARS-CoV-2 n'est pas une construction de laboratoire ni un virus délibérément manipulé.

Le rapport indique que L’origine proximale était une commande du Dr Fauci dans le but de discréditer la thèse de la fuite du laboratoire. Lors des audiences de la sous-commission, deux auteurs du papier ont fermement nié (Nouvelle fenêtre) qu’il s’agissait d’une commande du Dr Fauci, assurant que ce dernier n’a eu aucune influence sur son contenu.

Cela dit, l’idée que le Dr Fauci aurait influencé L’origine proximale ne date pas d’hier. Des courriels rendus publics par The Information en janvier 2023 (Nouvelle fenêtre) montrent que le Dr Fauci était fortement impliqué dans des discussions entourant le papier et qu'il a été tenu au courant des changements dans ses différents brouillons. Rien ne prouve toutefois qu’il a lancé l’idée de l’écrire ou qu’il a décidé de ses orientations.

Les auteurs du rapport qui se sont exprimés lors de l'audience ont insisté sur le fait que le Dr Fauci était présent pour encourager une discussion ouverte et une enquête approfondie sur la théorie de la fuite de laboratoire, et non de la balayer sous le tapis.

Que dit le rapport sur les vaccins?
Bien que certains commentateurs affirment que le rapport lève le voile sur l’inefficacité des vaccins contre la COVID-19, le rapport dit tout le contraire.

On peut y lire que les vaccins étaient largement sûrs et efficaces et qu’ils ont joué un rôle crucial dans la réduction de la gravité des symptômes de la COVID-19. L’administration Biden est toutefois critiquée pour avoir exagéré la capacité du vaccin à prévenir l'infection et la transmission.

L’opération Warp Speed, une initiative de 10 G $ lancée par l’administration Trump afin d'accélérer l'élaboration et la mise en marché d'un vaccin, est applaudie. L'opération Warp Speed a été un grand succès et a contribué à sauver des millions de vies, peut-on lire.

Mais la rapidité avec laquelle le vaccin de Pfizer a été approuvé sous Biden et les différentes politiques d’obligation vaccinale – qui ont causé plus de tort que de bien, selon le rapport – sont ensuite critiquées.

La décision arbitraire de l’administration Biden d’offrir des doses de rappel du vaccin à tous les Américains avant que les agences de santé aient donné leur aval à une telle initiative est aussi dénoncée.

Finalement, le rapport critique le système de pharmacovigilance des vaccins aux États-Unis, qui serait insuffisant et non transparent, ainsi que le programme d’indemnisation des victimes d’une vaccination, qui n’aurait pas réussi à gérer un programme de vaccination de masse.

L’histoire de la sous-commission sur la COVID
La sous-commission sur la pandémie de coronavirus a originalement été créée en avril 2020 (Nouvelle fenêtre). Au départ, elle avait pour objectif de s’assurer que les dollars des contribuables sont utilisés de manière judicieuse et efficace en réponse à la pandémie et d’évaluer la préparation et la réponse du gouvernement face à la crise.

À l’époque, Donald Trump était président, les démocrates étaient majoritaires au Congrès, et Nancy Pelosi était présidente de la Chambre.

Les représentants républicains avaient voté à l’unanimité contre la création de la sous-commission (Nouvelle fenêtre), estimant qu’il s’agissait d’un exercice partisan qui servirait à discréditer le président Trump.

Quand les républicains ont pris la tête du Congrès en 2023, ils ont changé l’orientation (Nouvelle fenêtre) de la sous-commission afin qu’elle se penche notamment sur les origines de la COVID-19 et les mandats concernant le port du masque et la vaccination.

Passer en revue les dépenses gouvernementales faisait également partie de ses objectifs.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2126215/sous-comite-covid-etats-unis-contexte


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