Plume Latraverse rend Dommage à Pierre Fuckglia (Forum)
Plume Latraverse a rendu dommmage bien avant le décès de Pierre Fuckglia, célébre Chroniqueur de la Paresse, un grand chroniqueur qui parlait de tout et de rien surtout quand c'était le temps de ses Bo$$$ (Pouvoir Corp)
Dans le documentaire d'Une Plumne à l'Autre lors de Spectack A Diâble fait une brève mention..
Salut Fuckglia en espérant que tu te promène sur les routes de garnottes en bécyk au paradis...
https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/grandes-series/822/dun-plume-a-lautre
Plume Latraverse, Adiable Tour 1985
https://www.youtube.com/watch?v=XPturNoHsYg
https://www.lapresse.ca/dialogue/opinions/2025-07-31/pierre-foglia-1940-2025/l-observat...
Foglia, qui nous est apparu un jour pour écrire sous nos yeux ahuris puis éblouis le grand roman de notre vie quotidienne, est resté jusqu’à aujourd’hui cet être mystérieux qui s’était emparé de notre esprit, puis de notre cœur.
Nous savons que sa mère était revêche, le genre qui a toujours travaillé dur, et ne laisse rien passer autour d’elle. Et son père à la fois timide et doux. Il ressemble à sa mère physiquement, mais il a la timidité de son père. Et sa douceur aussi. Ce chroniqueur, qui peut parfois être très violent, se croit toujours juste. Pour le clouer au lit, il suffit de lui faire savoir qu’il vous a fait mal – le dire simplement et sincèrement.
Ah, un autre point pour le style : il croit que la vraie morale se trouve dans la musique de la langue, et qu’il ne peut pas être méchant si sa musique rejoint le sens commun. En un mot si ça sonne juste. Est-ce pourquoi il refuse les mondanités, ou même de rencontrer les gens, si ce n’est pas pour devenir un ami ? On peut compter ses amis sur les doigts d’une main, d’ailleurs il en fait les comptes de temps en temps dans le journal. Tous des inconnus, sauf ce chroniqueur sportif dont la mort l’avait fracassé. On comprend la situation si on sait qu’Holden Caulfield, le narrateur perturbé par un trop-plein de sensibilité de L’attrape-cœurs, le roman de Salinger, est son personnage littéraire préféré.
Son seul échec en tant que chroniqueur était cette idée qu’il croyait pourtant bonne de se rendre chez les gens pour les voir vivre, et noter leurs petits mouvements du cœur. On est moins libre dès qu’on voit un visage de trop près.
Depuis, il a pris définitivement sa distance avec les acteurs de son théâtre de poche. Quand il a compris qu’il allait rester jusqu’à sa retraite à La Presse, il a travaillé son souffle comme un marathonien. Le style, c’est la survie pour cet apprenti typographe, tout étonné mais nullement impressionné de passer chez les lettrés. Chaque année il fait un article pour se rappeler qu’il n’est qu’un artisan tout en se désolant de cet art perdu du plomb. C’est son côté gauche prolétarienne.
Il adore le sport parce que les résultats sont clairs. Le cent mètres, la boxe, le cyclisme. Le temps se compte en secondes. On perd une miette de concentration et on se retrouve K.-O. C’est l’une des plus durables passions de sa vie, mais aussi ça lui permet de quitter le monde intellectuel ou politique pour retrouver la grande foule. La vie, quoi ! Mais tenir une chronique durant plus de 40 ans, c’est long et épuisant. On se répète parce que la vie est bourrée de répétitions. À force, les lecteurs connaissent nos habitudes. Il prenait un mois par an (deux semaines ici, une autre là) et la grogne montait très vite. Qu’est-ce qu’il fait ? Où est-il encore allé ? Il n’y a pas que le vélo dans la vie.
Cette façon de le réclamer sans ménagement n’est pas pour lui déplaire, car c’est exactement ce qu’il voulait être pour ses lecteurs : un objet essentiel comme le téléphone, ou une habitude comme le café du matin. Un élément de la nature comme la pluie d’été. Il a réussi à se fondre dans le paysage.
Mais le style sur une telle longueur, je n’ai pas encore compris comment ça fonctionne. Foglia est fils d’ouvrier qui sait que pour durer, il ne faut surtout pas se presser, tout en donnant l’impression d’aller plus vite que quiconque. Faire le mort pour mieux rebondir : il a dû peaufiner cette technique des cyclistes du Tour de France. Sans trop ruser aussi, car la ruse nous use avec le temps. S’arranger pour imposer son rythme.
La ville peut bien s’exciter à propos d’un film, d’un livre, d’un jeune prodige musical sauf s’il s’agit de Plume Latraverse, Foglia en parlera quand ce sera le temps. Le présent ne se fait pas uniquement avec les évènements. Finalement, il se sentira toujours proche des échappées et des ruptures de ton de Céline, et de son humour terrifiant qui cache malgré tout un cœur palpitant. Je crois tout de même qu’il s’était arrêté à son premier roman : Voyage au bout de la nuit.
Alors comment s’organisait-il pour affronter ce monstre, le temps ? Il s’est fragmenté en mille figures qui sont tant de chapitres d’une vie qui ne fut pas aussi amusante qu’on croit, car le chroniqueur devait rester immobile à se gratter la tête pour faire cette chronique où nous trouverons sûrement un mot, une phrase, un silence, une métaphore qui nous aidera à sourire une partie de la journée.
J’ai failli oublier son sujet le plus obsédant. Il n’en parlait jamais longuement, mais il y revenait toujours. Au Caffè Italia, ce jour-là, je me suis arrêté juste avant de lui poser cette question vulgaire à force de familiarité : et la mort ? Ah, la belle de Cadix, comme il l’appelait dans sa page. Finalement, il a échappé au cancer du côlon qui l’effrayait tant.
Fil complet:
- Plume Latraverse rend Dommage à Pierre Fuckglia -
Jéromec,
31/07/2025, 07:22
- Archive Falardeau - Foglia. - Jéromec, 31/07/2025, 07:29