Malgré ces précautions, l’issue de cette enquête exégétique menée avec grand sérieux ne peut que bousculer le lecteur, surtout s’il est croyant.
La thèse n'est pas nouvelle, elle revient périodiquement, pensons à Messadié (que l'article mentionne) ou Augstein dans les années '70 du XXe siècle. Le croyant pourrait être bousculé, mais pas celui qui a la foi, une foi ancrée dans une expérience de rencontre avec le Christ et qui nourrit sa foi des textes évangéliques et de la Tradition.
Cette mort “apparente” de Jésus est en fait une chose bien connue de la littérature chrétienne du deuxième siècle, mais le sens est fort distinct, et bien souvent, ces journalistes contemporains qui écrivent à ce sujet ont vu ces témoignages anciens, mais il ne les ont pas compris, et c'est ce qu'ils n'ont pas compris qu'ils livrent à leurs lecteurs en proposant une interprétation matérialiste (pour lequel nos contemporains sont très réceptifs) alors que le sens est spirituel, et recèle un enseignement sur la nature de notre monde, plutôt que sur un Jésus évanouit, ou anesthésié...
Pourtant, avec l'avancée de l'intelligence artificielle, du virtuel, on croirait que les hommes et les femmes de notre temps seraient à même de comprendre, à défaut d'avoir vu! Mais oui, et je le constate quasiment au quotidien, que les fidèles de nos églises qui s'attachent à l'extériorité et à la matérialité des choses, et qui s'imaginent que la résurrection est la réanimation du cadavre de Jésus, peuvent très bien être ébranlés. Mais ont-ils déjà eu la foi? Je ne juge pas, je constate et je soulève la question.
Je cite, à titre indicatif :
« Ils m’ont châtié ceux-là, et je suis mort, non pas en réalité mais en apparence, car les outrages qu’ils m’infligeaient restaient loin de Moi. Je rejetai loin de Moi la honte et je ne faiblis pas devant ce qui m’a été infligé de leurs mains. J’allais succomber à la crainte.
Et Moi, j’ai <souffert> à leurs yeux et dans leur esprit, afin qu’ils ne trouvent jamais nulle parole à dire à ce sujet. En effet, cette mort qui est mienne et qu’il pensent être arrivée, <est arrivée> pour eux dans leur erreur et leur aveuglement, car ils ont cloué leur homme pour leur propre mort. »
- Deuxième traité du grand Seth (codex VII de Nag Hammadi)
« ...ne suppose pas que la Résurrection est une illusion. Ce n’est pas une illusion, mais c’est la Vérité. Bien davantage, au contraire, convient-il de dire que le monde est une illusion plutôt que la Résurrection, elle qui est arrivée par Notre Seigneur, le Sauveur Jésus Christ. »
- Lettre à Rhéginos, traité sur la résurrection (codex I de Nag Hammadi)
« Or, quand il se fut mis à table avec eux, il prit le pain, prononça la bénédiction, le rompit et le leur donna. Alors leurs yeux furent ouverts et ils le reconnurent, puis il leur devint invisible »
- Évangile selon Luc 24, 30-31