Source : Gabriel Nadeau-Dubois: le rebelle impeccable

MARIO DUMONT
Mercredi, 24 août 2022 05:00
MISE À JOUR Mercredi, 24 août 2022 05:00

Dans cette série de chroniques sur les chefs des partis, j’ai gardé Gabriel Nadeau-Dubois pour le dessert. Leader générationnel, il a le potentiel d’être un facteur-clé de la prochaine campagne. Lui et son parti se sont préparés avec énormément de rigueur et d’attention pour le rendez-vous de cet automne.

GND fut jadis le porte-étendard des carrés rouges. Il est apparu au public comme un révolutionnaire qui refusait de condamner la violence lorsqu’il y avait du grabuge quotidien dans les rues. Celui qui tenait tête au gouvernement Charest défendait des positions intransigeantes avec une attitude de défi.

Le porte-parole de Québec solidaire dix ans plus tard est un personnage bien différent. Tiré à quatre épingles, s’exprimant de façon remarquable, il projette l’image du jeune professionnel toujours impeccable.

Il ne commet à peu près pas d’erreurs. On ne le prend jamais à faire de mauvaises déclarations pour lesquelles il doit se ravaler. On ne le prend pas avec des bourdes sur les réseaux sociaux. Jamais un fil ne dépasse, ni dans vie personnelle ni dans sa vie professionnelle.

Tribun efficace

À l’Assemblée nationale, il est un tribun de premier plan, mais totalement dans le respect du décorum. En quelques années à peine, il s’est hissé dans l’élite de la joute parlementaire. Il a aussi professionnalisé l’image de son parti même si un certain radicalisme rebute certains électeurs.

Au cours des derniers mois, j’ai été frappé par le côté discipliné de Gabriel Nadeau-Dubois. Il est toujours bien préparé, il se donne un plan et est capable de s’y coller. Ses interventions au Parlement comme sur le terrain s’inscrivent parfaitement dans le plan de match.

On a aussi vu son ascendant sur le parti. Dans les circonscriptions, le candidat ou la candidate qui jouit de son appui finit par gagner. Parlez-en à Catherine Dorion qui a mordu la poussière en voulant choisir sa relève dans Taschereau. Nadeau-Dubois obtient ce qu’il veut sans devoir se salir les mains sur la place publique. Le signe d’un leader qui manie parfaitement les rouages de son propre parti.

Danger

J’ai l’air de dire que tout est parfait. Il y a un problème et un gros. Si les élections avaient lieu aujourd’hui, moins d’électeurs iraient voter pour Québec solidaire qu’il y a quatre ans. En conséquence, il y aurait potentiellement quelques sièges perdus. Et ça, c’est la clé de tout. Les votes, les sièges.

Le message est savamment porté, le choix des mots est soigné et le porte-parole s’exprime avec aisance. Mais le cœur de l’électeur n’est pas touché. Et si l’aiguille ne bouge pas dans les deux premières semaines de la campagne, certains vont devenir nerveux dans la famille de Québec solidaire.

Sur la ligne de départ, Gabriel Nadeau-Dubois a des atouts. Il occupe bien le terrain de la gauche, il a recruté des candidatures plus solides que dans les élections précédentes et il est en pleine maîtrise de ses contenus. Il pourrait causer des surprises.

Cette année d'élection provinciale, ce parti sera sur la plateforme de lancement pour la fin du prochain mandat gouvernemental. Je ne serai pas étonné qu'il donne vraiment une meilleure opposition au prochain gouvernement, même si ce dernier entre majoritairement une seconde fois.

GND semble avoir maintenant le plein contrôle au leadership du parti et déjà les programmes qu'il offre semble plus ajustés au lieu des programmes à Licorne Rose Volante. Disons qu'ils sont mieux nuancés et plus terre-à-terre même s'il y a un planage de gratuité avec de l'argent qui poussent dans les arbres, c'est moins évident la manière que les programmes sont décrétés. Il y a au moins une évolution à ce sens et d'emblée, cela mérite une meilleure analyse.

Dédé

Il est très solide. Mais il doit s'imposer de plus en plus et rapidement car la fenêtre est ouverte pour ce parti et ils doivent entrer dedans et vite. Ça prend une bonne performance cette année pour être une 2ième opposition très solide et se préparer pour les prochaines années à être l'opposition officielle et le gouvernement sur le long terme. Mais ça se fera pas tout seul et GND doit se mettre à l'avant dès cette année pour être le principal adversaire de Legault.