Embauche de profs non qualifiés: des enseignants lancent le (Forum)

par Jéromec, mardi 22 août 2023, 12:27 (il y a 267 jours) @ Jéromec

https://www.journaldequebec.com/2023/08/22/des-profs-lancent-le-mouvement--affiche-ton-...

Embauche de profs non qualifiés: des enseignants lancent le mouvement «Affiche ton diplôme»

Les enseignants qualifiés veulent se faire plus visibles en réaction au recrutement d'enseignants non diplômés

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Photo logo de la journaliste Daphnée Dion Viens du Journal de Québec, lundi le 11 Janvier 2016 à Québec. SIMON CLARK/JOURNAL DE QUEBEC/AGENCE QMI
DAPHNÉE DION-VIENS
Mardi, 22 août 2023 00:00

MISE À JOUR Mardi, 22 août 2023 09:31

En réaction à l’embauche d'enseignants non légalement qualifiés, des enseignants afficheront leur diplôme bien en vue dans leur classe à la rentrée, pour faire valoir leur expertise.

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Darina Bilodeau, enseignante de la région de Québec, est l’initiatrice du mouvement «Affiche ton diplôme». Le mot d’ordre circule depuis quelques jours dans des groupes d’enseignants sur les réseaux sociaux. Plusieurs centaines d'enseignants ont déjà indiqué qu’ils iront de l’avant, indique Mme Bilodeau.


«On invite tous les enseignants qualifiés à afficher leur diplôme en classe, au même titre que le font les dentistes ou les comptables, pour montrer qu’on a fait des études et qu’on sait comment enseigner», affirme-t-elle.

Ce sont les propos du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, qui sont à l’origine de cette initiative, explique-t-elle. La semaine dernière, il a affirmé qu’il y aurait «beaucoup» d’enseignants non qualifiés dans les classes à la rentrée, disant espérer à tout le moins un «adulte» dans chaque classe.

La semaine dernière, il y avait environ 5000 postes d’enseignants vacants pour la rentrée, soit trois fois plus qu’à pareille date l’an dernier, selon un sondage réalisé auprès de directions d’école.

Le mouvement «Affiche ton diplôme» a rapidement fait boule de neige. Dans plusieurs écoles, presque tous les enseignants y adhèrent, indique Mme Bilodeau.

«On n’accepterait jamais des gens non diplômés dans d’autres corps d’emploi, pourquoi on le fait en enseignement?», lance Julie Lajoie, une autre enseignante de la région de Québec qui participe à l’initiative.

Écoutez Alexandre Dubé, tous les jours dès 10h, disponible en direct et en balado via QUB Radio :

Valoriser la profession

Les enseignantes rencontrées par Le Journal lundi tiennent à préciser que ce geste vise avant tout à valoriser leur propre formation, plutôt qu’à dénigrer les gens non diplômés qui viendront prêter main-forte dans les écoles à la rentrée.


«Je n’affiche pas mon diplôme contre eux, je l’affiche pour moi», résume Mme Bilodeau.

Ce mouvement pourrait aussi inciter des parents à poser davantage de questions concernant les qualifications des enseignants de leur enfant cette année (voir autre texte plus bas).

Des diplômés à courtiser

Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, devrait de son côté faire plus d’efforts pour courtiser les enseignants diplômés qui ont quitté la profession, affirme l’enseignante Marie-Claude Tardif, qui a aussi fait encadrer son diplôme.

«Il y a des centaines et des centaines d’enseignants diplômés au Québec qui ne sont pas dans les écoles parce qu’ils se sont réorientés, mais qui aimeraient revenir si les conditions de travail n’étaient pas si exécrables, dit-elle. Le défi du ministre, il est là.»

Écoutez Marie Montpetit, tous les jours dàs 12h30, disponible en direct et en balado via QUB Radio :

Enseignants qualifiés ou non? Les parents ont le droit de savoir

Les parents qui veulent savoir si l’enseignant dans la classe de leur enfant est qualifié devraient pouvoir obtenir une réponse à ce sujet de la part de leur direction d’école.

Au cours des derniers jours, des parents préoccupés par la pénurie d’enseignants ont interpellé Le Journal, se demandant si les écoles vont informer les parents de la présence d’un enseignant non qualifié en classe.


À la Fédération des centres de services scolaires du Québec, la porte-parole Catherine Roy indique qu’il n’y a pas de directive nationale ou commune à ce sujet, les façons de faire peuvent varier d’une école à l’autre.

Il est donc peu probable que des parents reçoivent un courriel les informant d’emblée que l’enseignant de leur enfant n’a pas son brevet d’enseignement.

Les parents peuvent toutefois poser des questions à ce sujet auprès de l’enseignant, lors de la rencontre annuelle à la rentrée au primaire, ou auprès de la direction.

«En appelant la direction de son école, le parent peut s’attendre à recevoir cette information», indique Mme Roy.

À la Fédération des comités de parents, on confirme que l’inquiétude est grande, à l’approche de la rentrée.

«Chaque parent souhaite avoir la personne la plus qualifiée pour offrir le meilleur enseignement possible à son enfant, c’est tout à fait légitime d’avoir ces attentes-là. Mais on est confronté à quelque chose de majeur», affirme sa présidente, Mélanie Laviolette.

Dans le réseau scolaire, on craint toutefois que de telles réponses poussent des parents à réclamer encore plus de changements de groupe pour leur enfant, alors que ce type de requête est déjà difficile à gérer en début d’année, selon des directions d’école.

De son côté, Mme Laviolette estime que le mouvement «Affiche ton diplôme» est une «belle initiative» pour valoriser la profession, mais met aussi en garde contre le risque de créer «deux classes d’enseignants».

https://www.24heures.ca/2023/08/21/une-prof-a-boutte-explique-pourquoi-elle-a-decide-de...

Une prof «à boutte» explique pourquoi elle a décidé de démissionner après 7 ans

Sarah-Florence Benjamin
21 août 2023 13H24
MISE À JOUR 21 août 2023 19H49
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Pour la première fois en 25 ans, Audrey D. ne vivra pas de rentrée scolaire. Dans une vidéo publiée sur TikTok, la créatrice de contenu explique comment les classes surpeuplées, les longues heures de travail impayées et les conditions difficiles ont eu raison de son amour pour la profession d’enseignante.

«Je ne me voyais pas faire ça encore pendant 30 ans», confie Audrey D., connue comme Audrey_Qc sur TikTok.


Dans sa vidéo, l’ancienne enseignante fait d’abord état de «classes surchargées de jeunes qui souffrent, qui font des crises, qui lancent des objets, qui ont des troubles d’apprentissage, qui viennent d’immigrer au Québec avec leur famille et qui parlent peu français», mais aussi du temps et de l’argent que les enseignants doivent fournir pour faire fonctionner leur classe correctement.

«Dépenser de notre poche dans les ventes de garage pendant l’été, dans les librairies, sur Marketplace, parce qu’on veut donc bien le meilleur pour les enfants et que les classes sont parfois dégarnies, se faire reconnaître seulement 32 heures de travail par semaine alors qu’en réalité, c’est souvent bien plus que ça», dénonce-t-elle.

Elle fait ensuite référence aux profs qui doivent se préparer pour la rentrée alors qu’ils sont toujours techniquement en vacances et donc pas rémunérés, en plus des heures supplémentaires à la maison toute l’année durant.

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«Si t’arrêtes réellement [ta journée de travail] à 4 heures, ta liste de tâches à faire est longue de même pis tu te sens pas prêt pantoute», lance-t-elle.

«Il y a des gens, heureusement, qui sont tellement passionnés et qui ont probablement une personnalité, une santé mentale plus forte que la mienne, qui arrivent malgré tout à trouver leur bonheur et à s’épanouir dans cette profession-là, mais ce n’était plus mon cas», confesse-t-elle à la fin de sa vidéo.

«Une profession si importante, mais si peu valorisée»
Même si des enseignantes et enseignants se sont exprimés dans les médias sur les difficultés de leur emploi, une trop grande partie de la population et des décideurs restent insensibles à leurs témoignages, regrette Audrey D.

Elle estime que le métier d’enseignant est «une profession si importante, mais si peu valorisée» par «une partie de la société qui pense encore que les profs se plaignent pour rien, qu’ils sont donc bien avec leurs deux mois de vacances».

La créatrice de contenu en a également contre le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, qui a affirmé le 16 août qu’il y aurait au moins «un adulte» par classe à la rentrée, alors que de nombreux postes doivent être encore pourvus partout dans la province.

M. Drainville a également semé la controverse en disant que les nouveaux diplômés en éducation devraient être dirigés vers les classes du préscolaire parce que celles-ci seraient «moins exigeantes».

«Le ministre de l’Éducation qui dit quasiment que n’importe qui peut faire cette job-là, je suis désolée, mais moi, même en étant qualifiée, je peux plus», affirme Audrey D. dans sa vidéo.


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